Vous êtes ici

Vous êtes saints !

Vous êtes saints !

Publié par Incarnare le samedi 31/10/2009 - 12:48 - Blog

Ce dimanche, l'Eglise fête la Toussaint, la fête de tous les saints. J'ai envie de vous crier tout haut : « bonne fête !! ». Oui, oui. Bonne fête. Rien de moins. A vous ? Oui, à vous, là, derrière votre écran. Vous pensiez que la sainteté, c'est l'affaire des autres ? de quelques obscurs martyrs -beurk- ou nonnes -re-beurk- du calendrier ? Pas de bol. Ou plutôt si : bonne nouvelle ! Vous avez été créé(e) dans la sainteté !

 

Moi, saint ? tu déc..., je suis le pire des pécheurs !

Je vais vous livrer un scoop : Dieu s'en fiche. Enfin, ça ne lui est pas complètement indifférent, parce que chaque fois que je fais le mal, c'est contre moi-même que je pèche, c'est à dire que je me fais du mal ; or Dieu, lui, ne veut que mon bien. Imaginez que votre enfant s'auto-mutile : vous en concevrez une grande souffrance, de la colère peut-être, mais contre le mal, pas contre votre enfant. 

Dieu, le jour où il vous a créé, ne l'a pas fait à la va-vite : il a pris le temps de vous imaginer saint(e) comme lui, et une fois son travail accompli, il a trouvé qu'il avait fait du très bon boulot. Dès avant votre naissance, il vous a aimé comme le clame Saint Jean1 : « Mes bien-aimés, voyez comme il est grand, l'amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu - et nous le sommes ! » 

Mais pour être enfant de Dieu, ne nous faut-il pas attendre d'être parfaits, de ne plus pécher ? Non. Saint Jean le dit clairement : « dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement ». En gros, ça ne se voit pas parce que nous sommes un peu persistants dans l'automutilation, mais nous sommes déjà saints. 

Si nous pensons que seuls les parfaits sont saints, c'est que nous avons l'illusion que nous devons conquérir le titre d'enfants bien-aimés du Père par nos propres forces. Nous avons du mal à croire que notre filiation, notre dignité d'enfants de Dieu, est un don gratuit. Pourtant, la perfection n'est pas la condition de la sainteté mais sa conséquence. Ce ne sont pas nos forces, dit Saint Jean2, qui font de nous des saints, mais le Christ : « tout homme qui fonde en lui son espérance se rend pur comme lui-même est pur ». Mékeskidi ? Continuez, nous y reviendrons plus loin.

 

Ok, si je suis saint, pourquoi ton Église, elle me culpabilise ? 

Vous vous culpabilisez vous-même parce que vous n'entendez qu'un mot sur trois de ce qu'elle raconte. L'Eglise proclame trois choses : la première, c'est la beauté originelle de notre création. La deuxième, c'est que l'on a tendance à douter que Dieu nous aime réellement, et qu'à un moment, on a voulu vivre sans lui. La troisième, c'est qu'il a voulu nous prouver à quel point il nous aime et que pour ça, il s'est donné totalement à nous et qu'il nous invite à revenir à lui.

"Attends, tu rigoles, l'Eglise, elle veut juste contrôler ma vie, et particulièrement ma vie sexuelle, on l'entend parler que de ça dans les médias". Reprenons les trois temps ci-dessus.

  1. L'Eglise -suivant la Bible- proclame que nous sommes créés à l'image de Dieu au commencement, que nous sommes très bons. Et pas seulement notre âme : notre corps aussi ! Elle pousse même le bouchon jusqu'à dire que la beauté de l'amour de Dieu se reflète en nous de manière particulièrement exacte dans la sexualité et le plaisir sexuel ; qu'ils sont signe de ce que seule la relation satisfait notre désir le plus profond.
  2. En doutant du cadeau que Dieu nous a fait, nous doutons de notre dignité d'hommes et de femmes. En conséquence, nous traitons les autres non comme des enfants de Dieu mais comme des objets pour nous-même. Le sexualité, parce qu'elle ce lieu particulier qui montre la beauté de notre humanité, est alors la première victime. Mais ce n'est pas le corps qui pose problème.  Chaque fois que nous le traitons mal, c'est notre coeur qui est malade : le corps lui n'est qu'une victime.
  3. Jésus, qui est Dieu, nous montre qu'il est toujours possible de retrouver le sens originel de notre vie et d'aimer à fond. Il ne le fait pas que théoriquement, en esprit, mais en donnant précisément son corps. Parce que Dieu a choisi de s'incarner, l'Eglise proclame que le corps conserve sa dignité et possède une capacité toute particulière à nous faire entrer dans la dimension du don. C'est pourquoi elle le défend bec et ongles.

Quand on est en train de s'automutiler, ça peut être dur d'entendre que le corps est bon, qu'il est le temple de l'Esprit où Dieu veut habiter, et que nous sommes appelés à glorifier Dieu par notre corps. Loin de vouloir vous culpabiliser, l'Eglise vous appelle à la Toussaint à découvrir cette dimension nouvelle d'aimer, ce "supplément d'âme" qui vous habite depuis l'origine. « Devenez ce que vous êtes et vous mettre le feu au monde », disait Catherine de Sienne.

 

Mais alors la sainteté, c'est pas un truc d'ascète ou de nonne ? 

Pas du tout ! Ou plutôt : pas exclusivement. La vie conjugale est également l'un des moyens de retrouver cette sainteté qui est au coeur de notre être. Le célibat des consacrés est une volonté de vivre de manière plus immédiate cette réalité : que Dieu nous a créés pour, d'une certaine manière, nous épouser3.Mais cette réalité, nous pouvons tous la vivre !

Pour les personnes mariées, l'Eglise affirme que c'est précisément dans leur vie de couple qu'ils trouvent la sainteté et qu'ils sont signe pour les autres de l'Amour de Dieu4. Benoît XVI n'a pas hésité à le montrer en béatifiant des couples, comme Louis et Zélie Martin. Des enfants ont également été béatifiés. Dans tous les cas, plus que leur héroïcité, c'est le fait qu'ils ont découvert que la perfection de l'amour se trouve dans le don, et que ce don est possible si l'on suit le Christ, qui leur a valu d'être reconnus saints.

 

Quid du chameau et de l'aiguille, alors ? 

L'Eglise ne cache pas que vivre à fond le don est difficile, parce que nous sommes toujours tentés d'oublier la valeur que nous avons aux yeux de Dieu. Mais elle affirme, à de nombreuses reprises, que ce ne sont pas nos propres forces qui sont en jeu : à l'homme c'est impossible, mais rien n'est impossible à Dieu, dit l'évangile. Et même si parfois notre coeur nous condamne, Dieu est plus grand que notre coeur.

A la Toussaint, l'Eglise ne lit pas l'évangile qui dit qu'il est plus difficile à un riche d'entrer dans le Royaume qu'à un chameau de passer par le trou d'une aiguille. Il ne s'agit pas de faire l'éloge de l'efficacité d'un hypothétique Saint-Pierre "videur" du paradis, qui serait un si bon filtre que les quelques happy fews qui peupleraient le paradis seraient préservés du péché. Non, à la Toussaint, l'Eglise s'exclame devant l'image de cette « foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples et langues »5, qui habitent auprès de Dieu.

Ce ne sont pas les forts, les riches, les puissants ni même les doctes, les savants ou les rigoristes qui se hissent à la force du poignet auprès de Dieu : l'évangile de dimanche nous dit que ce sont les pauvres, les doux, ce qui pleurent, ceux qui ont faim et soif, les miséricordieux, les coeurs purs, les artisans de paix, les persécutés !

 

Les béatitudes

Je vous laisse à la méditation de l'évangile de ce dimanche.. pour vous y aider je vous propose un commentaire fait par le Cardinal Philippe Barbarin, évêque de Lyon, au lac de Tibériade pour les jeunes partis en Terre Sainte l'été dernier.

 Quand Jésus vit toute la foule qui le suivait, il gravit la montagne. Il s'assit, et ses disciples s'approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait : «

Heureux les pauvres de coeur : le Royaume des cieux est à eux !
Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise !
Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés !
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés !
Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde !
Heureux les coeurs purs : ils verront Dieu !
Heureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu !
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux !
Heureux serez-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.

Réjouissez-vous, soyez dans l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ! »

 

  • 1. dans 1Jn 3,1-3, lecture de ce dimanche
  • 2. qui s'y connaissait un tout petit peu, et en matière de sainteté et et en matière de perfection, lui qui était au pied de la croix alors que son pote Pierre avait détalé
  • 3. «Ton époux est ton créateur », dit Isaie.
  • 4. Cité par Jean-Paul II : "Les époux chrétiens, donc, dociles à sa voix, doivent se rappeler que leur vocation chrétienne, commencée avec le baptême, s'est par la suite spécifiée et renforcée par le sacrement de mariage. Du fait de celui-ci, les époux chrétiens sont rendus plus forts et pour ainsi dire consacrés pour le fidèle accomplissement de leurs propres devoirs, pour la réalisation de leur propre vocation jusqu'à la perfection et pour leur propre témoignage chrétien face au monde. Le Seigneur leur confie la tâche de rendre visibles pour les hommes la sainteté et la douceur de la loi qui unit l'amour réciproque des époux à leur coopération à l'amour de Dieu, auteur de la vie humaine" HV 25
  • 5. dans l'Apocalype, lue également ce dimanche

 
 

 
 

A la une

Car tous ont péché...

La presse se fait l'écho d'un livre du journaliste Ekke Overbeek indiquant que Karol Wojtyła, futur Pape Jean-Paul II (et aujourd'hui Saint Jean-Paul II) aurait avant son élection pontificale, en tant qu'archevêque de Cracovie, eu connaissance de témoignages de faits de pédo-criminalité (la presse ne relaie ni le nombre ni la nature des faits) et n'aurait pas apporté la réponse appropriée (à savoir le signalement des faits aux autorités civiles et le déclenchement d'une enquête canonique aboutissant au renvoi à l'état laïc des malfaiteurs).