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I am an Irish child

I am an Irish child

J'ai longuement hésité avant d'écrire ce billet. Parce que j'aime l'Eglise et que je sais qu'un nouvel assaut médiatique causera sans doute à ses fidèles quelques souffrances ; parce que j'aime les prêtres, que je mesure la beauté du don de leur personne et la souffrance qu'il y a à se voir implicitement considéré comme un danger potentiel ; parce que je ne veux pas être de ceux qui jettent la pierre -même la seconde- parce que je sais qu'il n'y a rien de pire qu'une condamnation désinvolte.

Pourtant j'ai décidé de parler. Justement parce que j'aime l'Eglise et que je crois que c'est dans la compassion et l'humanité dont elle fait montre en ces temps difficiles qu'elle peut le mieux témoigner ; justement parce que j'aime les prêtres, que je crois leur engagement est possible et porteur de sens et que la majorité y est fidèles, certains le vivant même comme un chemin de sainteté ; parce que je sais, enfin, que le péché tient souvent moins du mal absolu que de la déformation de l'amour, et que les grands pécheurs et les grands saints ont souvent en commun de grandes aspirations.

L'évêque de Dublin a annoncé ces derniers jours que des faits de pédophilie, connus de la hiérarchie ecclésiale, n'ont été que tardivement portés à la connaissance de la justice. Ces déclarations n'ont pas dû être faciles à faire, comme en témoignent les deux ans qu'il a fallu au nouvel évêque pour les prononcer, car elles impliquent un jugement de ses prédécesseurs. J'admire cette décision car elles vont au bout de la démarche du fils prodigue : "Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi, je ne mérite plus d'être appelé ton fils mais daigne faire de moi ton serviteur". La presse, comme le frère aîné de l'évangile, sera prompte à condamner, mais là n'est pas l'important ; l'important est le retour à la communion avec le Père. 

Des prêtres ont commis des abus sexuels sur des mineurs. Sous ces mots simples se cachent quatre réalités différentes, toutes douloureuses.
Tout d'abord, des enfants ont été maltraités : "ce que vous faites au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous le faites" disait Jésus.
Ensuite, ces enfants ont subi des abus sexuels : ce lieu de la sexualité, peut-être le plus sacré de l'Être car il porte en lui gravé l'appel à la communion, a été profané et sans doute beaucoup de ces enfants auront du mal à trouver à nouveau la confiance de la relation.
De plus, des célibataires consacrés, qui avaient renoncé à la relation -ô combien belle- avec une autre personne humaine pour poursuivre celle -qui l'est encore plus et que la première annonce- avec Dieu, ont finalement désespéré de le trouver en se refugiant dans une fausse relation, ni consentie librement, ni fondée sur le don total, sans espoir de fidélité ni de fécondité.
Enfin, ces prêtres avaient été donnés comme père à leur communauté : "quel père, à qui son enfant demande du pain, lui donnera un serpent ?", dit l'Evangile ; quelle image du Dieu-Père ces enfants auront-ils, comment pourront-ils croire à la bienveillance désintéressée ? 

Indépendamment de leur révélation publique, n'ont ils pas songé à quel point ces actes étaient profondés opposés à tout ce qu'est leur vocation (celle de prêtre comme celle de baptisé) ? Quel sens avait pour eux leur sacerdoce ? Ne percevaient-ils pas le contre-témoignage que ils se livraient ? Aujourd'hui, je veux le dire : I am an Irish child.

"Pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font".

 

 
 

 
 

A la une

Car tous ont péché...

La presse se fait l'écho d'un livre du journaliste Ekke Overbeek indiquant que Karol Wojtyła, futur Pape Jean-Paul II (et aujourd'hui Saint Jean-Paul II) aurait avant son élection pontificale, en tant qu'archevêque de Cracovie, eu connaissance de témoignages de faits de pédo-criminalité (la presse ne relaie ni le nombre ni la nature des faits) et n'aurait pas apporté la réponse appropriée (à savoir le signalement des faits aux autorités civiles et le déclenchement d'une enquête canonique aboutissant au renvoi à l'état laïc des malfaiteurs).

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