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Le vide vocationnel n'existe pas

Le vide vocationnel n'existe pas

L'Eglise reconnaît particulièrement deux vocations : le mariage et le célibat consacré. Dès lors, de nombreuses personnes ne "rentrent pas dans les cases" : personnes vivant un célibat non choisi, personnes divorcées, personnes faisant l'expérience d'un désir envers les personnes de même sexe... 

Ces personnes se demandent, bien légitimement : « Et moi, n'ai-je pas de vocation ? L'Eglise ne reconnaît-elle aucun appel de Dieu pour moi ? ». Alors, y'a-t-il un vide vocationnel ?

La vocation, appel pour la mission

Longtemps1 l'Eglise n'a pas qualifié le mariage de "vocation". Est-ce à dire qu'hormis les clercs, tous tombaient dans un "vide vocationnel" ? 

Une vocation a deux caractéristiques : 

  1. Elle n'appartient pas (seulement) à l'ordre "naturel" mais à l'ordre de la grâce. Autrement dit, elle dit quelque chose du salut obtenu en Jésus-Christ et pas seulement de la bonté de l'ordre de la création. Jésus le dit bien quand il parle du célibat consacré : celui-ci n'est pas "compréhensible" en termes humains pour ceux qui n'y sont pas appelés. Se faire "eunuque pour le Royaume" semble "contre-nature" (ou plutôt au-delà de la nature).

    Longtemps, seule la dimension "naturelle" du mariage (i.e. comme répondant à l'ordre de la création) a été mise en avant. Ce n'est que tardivement que sa dimension "sacramentelle" (i.e. comme signe efficace du Salut) fut comprise dans toute sa dimension, lorsque les théologiens ont creusé le rapport entre nature et grâce, montrant que la nature prépare déjà l'oeuvre de la grâce.
     
  2. La vocation est liée à une mission.

JPII le dit ainsi2

Dans la Sainte Ecriture, toute vocation est unie à une mission: donc l'appel à l'existence est déjà prédestination à l'oeuvre de Dieu: "Avant que je te forme dans le ventre de ta mère, je te connaissais, et avant que tu sortes du sein, je t'avais consacré"

François le dit également3

Si l’Église « est par sa nature missionnaire », la vocation chrétienne ne peut que naître à l’intérieur d’une expérience de mission

La "mission ordinaire" - l'unique vocation - du baptisé est de parvenir à la sainteté, et de manifester par là l'amour de Dieu. 

Deux états de vie particulièrement vocationnels

Tardivement donc, en même temps qu'elle comprenait la sainteté comme la vocation commune des baptisés, l'Eglise a pris conscience que le mariage pouvait être une vocation.

Les personnes mariées ayant des enfants savent que le mariage comme l'éducation des enfants sont particulièrement exigeants, et nécessitent un don de soi de chaque instant. Lorsqu'il est vécu chrétiennement, dans cette orientation complète de la personne vers le don, le mariage est alors une vocation, au sens où il permet l'épanouissement complet de la vie chrétienne.

Jean-Paul II parle4 de « vocation chrétienne, spécifiée et renforcée par le sacrement du mariage». Le mariage est donc simplement une déclinaison possible de la vocation chrétienne. Le Pape ajoute5 que c'est précisément dans la soumission mutuelle des époux que le mariage devient vocationnel : « Lorsque le mari et la femme seront soumis l'un à l'autre dans la crainte du Christ, tout trouvera un juste équilibre, un équilibre qui corresponde à leur vocation chrétienne ».  C'est cela que les époux Martin ont vécu à fond.

L'état de vie ne suffit pas

Si « tant d'hommes et de femmes cherchent dans le mariage l'accomplissement de leur vocation »6, l'état de vie ne suffit pas. Cela reviendrait à considérer le sacrement comme une ligne d'arrivée alors qu'il est un point de départ !

Jean-Paul II disait ainsi7: « Le mariage ne correspond à la vocation des chrétiens en tant qu'époux que si cet amour [rédempteur, sauveur de Dieu dans le Christ], précisément se reflète et s'actualise.». Il n'y a ainsi pas de "vocation toute faite" mais des chemins vocationnels qui se construisent.

Une vocation n'est pas un statut social

Particulièrement dans une "société de statut" comme la France, il est courant de rechercher sa vocation comme on cherche "une place" dans la société. 

Reconnaissons que, trop souvent, les paroisses ne laissent de place dans leur fonctionnement qu'à celles et ceux qui ont discerné une vocation spécifique. Ca n'est pas forcément par mépris (la moindre mobilité de ceux-ci en font naturellement des "piliers" !) mais ça n'est pas pour autant ajusté. 

Certes, il est psychologiquement et socialement confortable de pouvoir dire "j'ai trouvé ma vocation". Mais le but de notre vie n'est pas simplement de trouver une place, mais de réaliser la perfection de notre être dans la sainteté. Et cela peut se faire par d'autres chemins.

D'autres chemins que l'état de vie

D'un côté, l'Eglise, reconnaissant que la sexualité n'a de sens que dans le cadre d'un engagement pour la vie, ne reconnaît que deux états de vie, mariage et célibat. De l'autre, elle nomme particulièrement deux vocations, mariage (sacramentel) et Célibat pour le Royaume. On a vite fait d'identifier, à mon avis à tort, ces deux faits.

Je crois qu'il serait bon que l'Eglise affirme clairement que, si pour beaucoup leur vocation correspond à leur état de vie (sans s'y identifier strictement, puisqu'on a vu que ces états de vie peuvent être vécue de façon non-chrétienne), il existe des chemins vocationnels qui ne sont pas spécifiquement liés, eux, à l'état de vie (ce qui n'empêche pas par ailleurs que chacun doit vivre en conformité avec son état de vie).

« Pas de vocation de vieille fille » !

Il faut l'affirmer : dans un célibat non choisi - quel qu'en soient les raisons, quelles que soit la peine associée - peut se déployer une vie chrétienne authentique, un saint ou une sainte peut naître, si le célibat n'est pas la marque d'un repli sur soi qui a d'autres conséquence sur la vie spirituelle. 

Ma formule, volontairement provocante, "pas de vocation de vieille fille" signifie que, dans tous les cas, et malgré les difficultés, le déploiement de cette vocation ne passe pas par l'enfermement, mais par l'ouverture, par le don total de sa personne. Un célibataire (même contraint) qui vit au quotidien ce don de lui-même n'a pas de raison d'être qualifié de "vieux garçon" / "vieille fille" !

  • 1. la notion du mariage comme vocation n'arrive qu'avec JPII, préparé par Pie XII (Castii Connubi) et Vatican II
  • 2. TDC 021
  • 3. Message pour la Journée Mondiale des Vocations 2015
  • 4. TDC 122
  • 5. TDC 089
  • 6. TDC 023
  • 7. TDC 090

 
 

 

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