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Sacrement et "Rédemption du Corps"

Sacrement et "Rédemption du Corps"

Publié par Incarnare le vendredi 28/08/2009 - 12:25

Laissés à nous-mêmes, la Théologie du Corps "peut sembler une exigence irréalisable. Pourtant Jésus n’a pas chargé les époux d’un fardeau impossible à porter et trop lourd [...] plus pesant que la Loi de Moïse. En venant rétablir l’ordre initial de la création perturbé par le péché, il donne lui-même la force et la grâce pour vivre le mariage dans la dimension nouvelle du Règne de Dieu"1.

Le Christ, nous dit Jean-Paul II, qui nous parle "vit toute la profondeur du mystère divin. Mais il vit également le mystère humain dans toute sa profondeur"2. Jésus nous révèle notre dignité3 qui a ses exigences, mais il nous donne en même temps la grâce nécessaire pour vivre pleinement en Fils et Filles de Dieu.

 

Entrer dans la rédemption

Jean-Paul II offre un formidable espoir : hommes et femmes ne doivent pas nécessairement être continuellement blessés par la concupiscence qui est un pieu planté au coeur de leur dignité et de la communion qui existe entre eux ; la vie conjugale n'est pas un lieu d'expression de désirs infirmes et mutilants ! Le mariage est une invitation à entrer consciemment et conscienscieusement dans la rédemption du corps.

Les époux chrétiens s'engagent à lutter pour, avec l'aide de Dieu, redécouvrir et revendiquer et vivre selon leur dignité originelle. 

Trop peu de chrétiens réalisent qu'ils sont choisis de Dieu, qu'ils sont appelés à entrer concrètement, dans le quoditien de leur vie de couple, dans le mystère d'amour divin. La nécessité d'une nouvelle4 évangélisation est criante !

Le Christ confie à chacun de nous une mission capitale : à l'homme, il confie la dignité de la femme ; à la femme, la dignité de l'homme.5 Vivre selon notre dignité est un combat permanent et parfois difficile : le Christ s'adresse à notre coeur, ce lieu intime de nous-même où combattent la concupiscence et la sainteté.

Nous sommes appelés, en fixant le Christ, à sortir de la barque et à marcher sur l'eau !
Cela implique un risque. Le "safe sex" n'existe pas. Il est toujours risqué d'aimer, mais ne pas le faire reviendrait à saborder la barque. Comme Pierre, le Christ nous appelle : "viens !"

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Entrer dans une culture de la vie

La première étape pour entrer dans la rédemption est de renoncer à la concupiscence. Cette étape se vit au début par des victoires (au prix de luttes parfois douloureuses et sans doute de quelques défaites qu'il nous faudra confier au Christ6 plutôt que de douter de sa miséricorde et de son soutien) : abandon de pratiques et d'habitudes parfois très ancrées qui créent une vision dépersonnalisée de la sexualité, et conduisent à considérer le conjoint comme un objet plutôt que comme un sujet.

Les tentations perdurent mais, avec le temps qui passent, ont de moins en moins de prises. Notre vie est comme un château fort qui se bâtit alors que l'ennemi attaque sans cesse. Si nous parvenons à monter les murailles en plaçant le Christ au centre et l'ennemi à l'extérieur, la bataille est gagnée. Veillons à ne pas saboter de l'intérieur les fondations de notre propre vie.

Une fois que nous avons bouté l'ennemi hors des murs, il nous faut laisser le Christ restaurer en nous cet émerveillement du commencement face à notre femme (de notre mari, pour les femmes). Pour cela, prions sans cesse afin qu'Il nous donne de voir sa beauté profonde, tous les merveilles que Dieu a mises en elle. Il s'agit pour nous de prendre conscience que nous avons un donjon (deux en fait, notre propre dignité et celle de notre épouse) dont la beauté vaut la peine d'être défendue, quelle que soit la séduction du donjon d'à côté. 

Nous en venons à réaliser que ce qui fait la beauté de ce donjon, ce sont ces fondations qui nous indiquent clairement le génie de son fondateur. D'ailleurs, un certain nombre de choses, comme les herses et les pont-levis, qui nous paraissaient inutiles voire pesantes lorsque nous n'habitions pas vraiment le donjon (et que nous avions tendance à reprocher au fondateur), sont maintenant essentielles, car elles permettent de sortir de soi sans porter atteinte à notre intégrité. Ce sont un certain nombre de principes moraux (éthique) qui viennent comme contrefort de nos murailles (ethos). 

Lorsque nous décidons que notre fondateur vaut bien que nous hissions son étendard en haut du donjon, nous réalisons alors que beaucoup d'autres châteaux portent la marque du génie de notre fondateur : certains sont délabrés comme nous l'étions, d'autres non.. mais en tous cette étincelle d'amour est maintenant évidente. Retrouver ce sens de la dignité de chaque personne est un processus long... Mère Térésa, à qui on demandait comment elle avait pu soigner tant de malades au cours de sa vie, disait à peur près ceci, qu'elle avait pris soin d'un, puis d'un autre, puis d'un autre...

Pour bâtir son château, mieux vaut privilégier un terrain stable, "bâtir sur le roc", nous dit la Bible. Jésus est le rocher, la seule fondation stable de notre château. Il peut être tentant d'appuyer toute notre vie, tous nos désirs, sur notre femme, mais elle n'est pas bâtie pour porter un tel poids. 

 

Trouver un bonheur durable

"Mieux vaut se marier que brûler de désir"7 affirme Paul. Cependant, nous interprétons souvent cette phrase avec un regard entaché de concupiscence : à nos yeux, Saint-Paul légitime ici le mariage comme lieu d'expression de la concupiscence, de la convoitise non contrôlée. 

Saint-Paul, au contraire, affirme au contraire ici que le mariage vécu à fond et de manière authentique rend plus heureux que la concupiscence !! Nous avons en face de nous le banquet ou les restes avariés de l'orgie : qu'allons-nous préférer ? "J'ai mis devant vous la vie et la mort8" dit le Seigneur  - et de nous exhorter : choisissez la vie !!

Redisons-le avec force : la vie dans l'Esprit n'est pas un rejet du corps mais une in-spiration de la chair. Enfonçons le clou : si l'union sexuelle entre l'homme et la femme signifie l'union à venir avec Dieu, le plaisir sexuel lui-même devient participation à la joie d'aimer comme Dieu aime. Alors on trouve l'Amour qui satisfait vraiment, l'eau qui désaltère.

Jean-Paul II l'affirme : si l'union sexuelle est ancrée dans le Saint-Esprit, alors elle n'est pas fermée sur elle-même mais poussée par l'Esprit - qui est Seigneur et qui donne la Vie - elle s'ouvre avec confiance sur la possibilité d'être bénie par le don de la procréation9.

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L'Eglise reconnaît qu'il peut être sous certaines conditions valide de repousser provisoirement l'expression de cette fécondité du don. Toutefois une opposition totale et définitive à ce don fait courir des risques aux époux.

Le premier est de confondre maîtrise de soi et domination de son corps ; le second est, en refusant de s'ouvrir sur l'extérieur, de transformer l'icône qu'est le couple en idole en refusant de ne pas être l'ultime satisfaction de notre conjoint ; le troisième, qui concerne plus précisément la contraception, est de perdre ce respect du rythme naturel de chacun et de l'écoute à laquelle ouvre la différence de tempo des deux sexes ; le dernier est de s'imaginer un droit à l'enfant, droit à le refuser d'abord pour l'exiger ensuite : en confondant le désir d'enfant et l'enfant nous perdons de vue la dignité propre de chacun, qui vient du fait qu'il ou elle est voulu(e) par Dieu.

Voici quelques raisons qui la poussent à affirmer qu'un bonheur durable se construit mieux dans l'ouverture totale au don de Dieu, y compris dans la fécondité. 

 

Psaume 19

Les cieux racontent la gloire de Dieu,
et le firmament annonce l'oeuvre de ses mains.

Le jour crie au jour la louange,
la nuit l'apprend à la nuit.

Ce n'est pas un langage,
ce ne sont pas des paroles;
dont la voix ne soit pas entendue.

Leur son parcourt toute la terre,
leurs accents vont jusqu'aux extrémités du monde.
C'est là qu'il a dressé une tente pour le soleil.

Et lui, semblable à l'époux qui sort de la chambre nuptiale,
s'élance joyeux, comme un héros, pour fournir sa carrière.

Il part d'une extrémité du ciel,
et sa course s'achève à l'autre extrémité:
rien ne se dérobe à sa carrière.

La loi de Yahweh est parfaite: elle restaure l'âme.
Le témoignage de Yahweh est sur: il donne la sagesse aux simples.

Les ordonnances de Yahweh sont droites elles réjouissent les coeurs.
Le précepte de Yahweh est pur: il éclaire les yeux.

La crainte de Yahweh est sainte: elle subsiste à jamais.
Les décrets de Yahweh sont vrais: ils sont tous justes.

Ils sont plus précieux que l'or, que beaucoup d'or fin;
plus doux que le miel, que celui qui coule des rayons.

Ton serviteur aussi est éclairé par eux;
grande récompense à qui les observe.

Qui connait ses égarements?
Pardonne-moi ceux que j'ignore!

Préserve aussi ton serviteur des orgueilleux;
qu'ils ne dominent point sur moi!
Alors je serai parfait et je serai pur de grands péchés.

Accueilie avec faveur les paroles de ma bouche,
et les sentiments de mon coeur, devant toi,
Yahweh, mon rocher et mon libérateur!

 
 

 

A la une

Car tous ont péché...

La presse se fait l'écho d'un livre du journaliste Ekke Overbeek indiquant que Karol Wojtyła, futur Pape Jean-Paul II (et aujourd'hui Saint Jean-Paul II) aurait avant son élection pontificale, en tant qu'archevêque de Cracovie, eu connaissance de témoignages de faits de pédo-criminalité (la presse ne relaie ni le nombre ni la nature des faits) et n'aurait pas apporté la réponse appropriée (à savoir le signalement des faits aux autorités civiles et le déclenchement d'une enquête canonique aboutissant au renvoi à l'état laïc des malfaiteurs).