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Encore une campagne gouvernementale pour la contraception. Décryptage (et détournement).

Encore une campagne gouvernementale pour la contraception. Décryptage (et détournement).

Publié par Incarnare le samedi 26/09/2009 - 17:45 - Contraception

Si vous écoutez la radio, ou regardez votre télévision, entre le 14 septembre et 5 octobre, vous pourrez entendre les derniers clips de propagande de l'État pour la contraception. Comme d'habitude, un savant mélange de pseudo-information et de matraquage de valeurs morales (ou plutôt d'anti-valeurs) directement pêchées chez le planning familial. Nous avons choisi de décrypter cette campagne pour vous... et n'avons pas résisté au plaisir de la détourner !

La scène

Un jeune homme est passablement énervé. Ses amis lui demandent "t'as tes règles ou quoi ?", ce à quoi il répond : "justement, non". S'ensuivent différentes vannes, avant l'arrivée du slogan, sur fond de Mozart : « faut-il que les hommes soient enceintes pour que la contraception soit l'affaire de tous ?» . La vidéo affiche ensuite l'adresse d'un site d'«information» gouvernemental sur la contraception (voir la vidéo ci-dessous).

 

Décryptage du clip

Un point positif... ?

Faisons preuve d'optimisme et de bienveillance, et commençons par nous réjouir : le message de la campagne semble promouvoir l'implication de l'homme dans la gestion de la fécondité. Pour une fois - peut-être la première, l'homme n'est pas totalement absent. La sexualité ne serait donc plus, dans l'imaginaire gouvernemental, un simple sport individuel, dont la femme doit gérer seule les conséquences. (On se souvient de la fameuse campagne pro-avortement - droit, choix et liberté, paraît-il - où le "partenaire", ou "compagnon", était totalement absent de la décision concernant la fécondité).

Modérons toutefois notre propos : ce n'est de l'homme en tant que partenaire, époux de la femme, dont il s'agit ici. En fait, le jeune homme de cette campagne mime une jeune femme tombée enceinte. Les hommes ne sont donc pas invités à participer à la gestion de la fédondité du couple en tant que partenaires, on leur propose ici de s'identifier à la femme, forcément seule.

Une image caricaturale de la femme

Certains clichés habituels et le ton de la campagne montrent bien que la politique de contraception est bien conçue par des hommes, pour les hommes, et que l'on est loin de la contemplation de la beauté de la fécondité féminine. L'acteur singe une femme, dont l'irritation est immédiatement associée par ses camarades à la menstruation, comme si une femme qui a ses règles se devait d'être d'humeur exécrable.

La fécondité, forcément une fatalité

Manifestement, la possibilité d'avoir un enfant est nécessairement et immédiatement perçue comme négative, par la "femme", mais aussi par ses amis : la réalisation marque un temps de pause pour marquer le caractère dramatique de la chose avant la question qui tue : « et tu as combien de jours de retard ?». Ne manquez pas le sous-entendu : il s'agit bien ici pour l'« ami » de suggérer une « contraception d'urgence » (entendez, un avortement médicamenteux).1

Dans l'esprit des concepteurs du spot, c'est non seulement une fatalité personnelle, mais également une fatalité sociale. L'annonce d'une potentielle grossesse est suivie de rires goguenards, l'un des protagonistes du film lâchant un sardonique "jackpot".

La multiplicité des partenaires, une évidence

L'idée que la femme - ou l'homme, enfin on ne sait plus, bref le "héros" - puisse avoir une relation suivie avec une seule personne n'effleure même pas l'esprit de ses amis, qui ironisent : "tu sais qui c'est, la mère, au moins ?". C'est la vie que propose la communication officielle de l'État2: enchaînez les relations éphémères, en soldant toujours plus votre corps au moins offrant. 

Implictement, la fidélité - ou, sans aller jusque là, la possibilité d'un amour authentique durable - est montrée comme une illusion irréaliste. Il ne s'agit même pas d'une utopie ou d'un rêve auquel on devrait aspirer... bref, le cynisme est total.

La fécondité, toujours vue sous l'angle de la contraception

A aucun moment, il n'est suggéré que la fécondité puisse être une chose positive, le résultat de l'amour. A aucun moment, il n'est mentionné de contexte particulier qui pourrait rendre la grossesse non désirable. On plaque juste qu'elle l'est dans l'absolu. Que la fécondité est une plaie, en somme. Bref, on reste dans l'idée que l'enfant est une maladie, un indésirable par nature. 

 

Plus loin dans la propagande et la désinformation

Le spot invite à visiter un site web, "choisir sa contraception". Soit, visitons. D'entrée de jeu, ce qui saute aux yeux, c'est ce slogan : "choisir la bonne contraception". Deux sous-entendus ici : le premier c'est qu'il y aurait une bonne et une mauvaise contraception. Le second, c'est qu'il faut absolument une contraception. Décortiquons.

Désinformation sur les buts de la contraception

Le site mélange allègrement tous les objectifs des contraceptifs sans distinction : il évoque ainsi en même temps la protection contre les maladies sexuellement transmissibles, et l'effet contraceptif lui-même, à savoir le fait de bloquer la conception. Cette technique de communication est redoutable : on crée un climat de peur (lié aux MSTs) pour faire passer un message sur la contraception. 

Désinformation sur les moyens de la contraception

Deuxième point qui frappe, c'est le ruban supérieur, qui présente les moyens de la contraception : aucune hiérarchisation, aucune différenciation. On trouve notamment côte à côte des méthodes abortives3, des méthodes contraceptives, des méthodes stérilisantes... et les méthodes naturelles qui ne sont pas de la contraception, mais des méthodes de régulation des naissances.

Désinformation sur la nécessité de la contraception

A aucun moment, il n'est suggéré que la contraception n'est peut être pas nécessaire. Même un enfant de 12 ans qui lit le site sera incité(e) à utiliser la contraception. A aucun moment, la possibilité de reporter l'âge du premier rapport sexuel n'est mentionnée (puisqu'on l'a vu, dans l'esprit des concepteurs de la campagne de communication, il faut avoir une vie sexuelle avec de multiples partenaires et cela, au plus tôt). 

 

Traitement des méthode naturelles de régulation des naissances..

La manière d'aborder les méthodes naturelles de planification familiale est biaisée. On l'a vu, elles sont classées tout-de-go dans la catégorie "contraception", ce qu'elles ne sont pas4. De plus, elles sont immédiatement disqualifiées quant à leur efficacité, la possibilité ou la nécessité d'un apprentissage de ces méthodes ne sont pas mentionnées.

Le site reconnaît que ces méthodes sont réservées à des couples qui sont capables de s'abstenir quelques jours par mois. En clair: qui ont une maîtrise de leurs pulsions. Il est intéressant de constater que c'est la page où le mot "couple" est le plus présent sur le site : il est même complètement absent des pages sur la 'contraception d'urgence', ce qui est assez symptomatique...

Enfin, les méthodes naturelles sont toute simplement absentes du "tableau récapitulatif" de la contraception proposé sur le même site web ! En clair : passez votre chemin. 

 

Ressources

La campagne du gouvernement

Notre détournement

 

  • 1. Ces sous-entendus sont d'autant plus dramatiques qu'une semaine d'aménohrrée signifie une grossesse de trois semaines. La pillule du lendemain étant alors exclue, on insinue ici que l'IVG est une forme de contraception... insinuation relayée par la question "tu vas faire quoi ?"
  • 2. cela montre d'ailleurs qu'une éthique sexuelle s'inscrit nécessairement dans une vision plus large de la personne humaine qui est ici.. comment dire... pathétique.
  • 3. c'est à dire qui ont pour effet de tuer un être déjà conçu, c'est le cas du stérilet ou de la pillule du lendemain
  • 4. Il ne s'agit pas ici d'un commentaire sur l'efficacité de ces méthodes - très bonne lorsqu'elles font l'objet d'un apprentissage, en couple, et que la sexualité fait l'objet d'un dialogue dans le couple et est le lieu d'un réel échange - mais de qualifier la nature de la méthode. Les méthodes naturelles ne s'opposent pas à la conception, elles restent ouvertes à la vie.

 
 

 
 

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La presse se fait l'écho d'un livre du journaliste Ekke Overbeek indiquant que Karol Wojtyła, futur Pape Jean-Paul II (et aujourd'hui Saint Jean-Paul II) aurait avant son élection pontificale, en tant qu'archevêque de Cracovie, eu connaissance de témoignages de faits de pédo-criminalité (la presse ne relaie ni le nombre ni la nature des faits) et n'aurait pas apporté la réponse appropriée (à savoir le signalement des faits aux autorités civiles et le déclenchement d'une enquête canonique aboutissant au renvoi à l'état laïc des malfaiteurs).