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Le combat spirituel

Le combat spirituel

Publié par Incarnare le vendredi 20/08/2010 - 23:46 - Blog

Une tentation, toujours présente, pour les jeunes chrétiens, est celle du repliement sur soi, face à une société dont on ne partage pas les valeurs, ou l'absence de valeurs. Sa déclinaison catholique est l'attrait du réconfort du groupe, la tendance à rester entre soi, à chercher l'assentiment dans le clan. Mais est-ce réellement le chemin vers la sainteté ?

Cet article de La Croix, consacré au Festival Saint Jean, organisé pour les jeunes par la communauté du même nom, illustre brillamment1 ce phénomène : à ces jeunes, confrontés au quotidien à une culture qui promeut des comportements qu'ils réprouvent, il est agréable de "se sentir entouré(e) de jeunes qui sont d'accord".

Avec un risque toutefois : celui de voir dans cette communion d'idéaux une sorte de société idéale, supérieure à celle qu'ils connaissent tous les jours. La sanction est inéluctable pour ceux qui la hissent ainsi sur un piédestal, car même les meilleurs chutent. Il est ainsi dangereux de vouloir troquer ce combat personnel contre le péché contre une lutte collective : car le danger est grand de troquer aussi la sainteté contre la bien-pensance.

Car dans ces soirées « où l'alcool coule à flot et où tout le monde "se choppe"», ce n'est pas tant le regard de l'autre lorsqu'ils refusent un énième verre que ces jeunes craignent... C'est qu'ils savent, consciemment ou non, qu'eux aussi se laisseraient bien tenter par ce verre, ou cette une relation facile, par cette satisfaction immédiate. 

Car le meilleur des cathos comme le pire des païens2 ont ceci en commun qu'ils sont pécheurs, c'est à dire qu'ils échouent chaque jour à vivre leur vocation, leur dignité profonde, d'enfants de Dieu, qui consiste à se donner entièrement, totalement, dans la vérité.

En faisant du combat spirituel personnel une lutte sociale, on se donne l'illusion que, dans une société idéale, on y arriverait. On met un catho-bien-comme-il-faut sur un piédestal, ça rassure. Si on se sent hardi, on va même jusqu'à mener sa petite croisade, dans l'illusion que l'on a la vérité pour ceinture et le bouclier de la foi. On se sent plus capable tout à coup, on peut tout, tout seul. Ca semble sympa, ça, de ne pas avoir besoin de sauveur.

Cette tentation, les Légionnaires du Christ l'ont vécue à fond. Contrairement à la règle monastique, qui vise à ordonner sans déresponsabiliser, leurs réglements omniprésents tentaient de construire cette société idéale sans tentation. On connaît la suite : le fondateur adulé s'est révélé un pathétique pécheur, et la société idéale ressemble de plus en plus à un veau d'or aux hormones.

Les frères de Saint-Jean l'ont bien compris : il est grand, le danger de se fondre dans le groupe, d'abdiquer sa responsabilité personnelle ou sa capacité de raisonner : « C’est frappant de voir à quel point ces jeunes catholiques, bien que très engagés, manquent de formation pour comprendre les fondements de la foi, et y adhérer – ou non – par un choix personnel, mûri. Ils ont un aspect un peu “perroquet” ! »

Le piège ici, c'est qu'en déclinant sa responsabilité, on refuse sa dignité ; en faisant l'économie d'un examen de conscience, certes douloureux, on perd de vue Celui qui nous sauve. Le combat spirituel, en fin de compte, ce n'est pas Pierre qui tranche l'oreille du serviteur -ou nos pourfendeurs de la société-, c'est Jean qui reste au pied de la croix du Christ

C'est vraiment là, au pied de la Croix, que se joue le combat spirituel ; la bonne nouvelle, c'est qu'il nous a déjà été gagné ! Aussi, ne jouons pas les gros bras spi, les culturistes de la vertu ; mais reconnaissons3 que Jésus est celui qui peut souffler sur nos os desséchés pour nous redonner vie.

 
 

 
 

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La presse se fait l'écho d'un livre du journaliste Ekke Overbeek indiquant que Karol Wojtyła, futur Pape Jean-Paul II (et aujourd'hui Saint Jean-Paul II) aurait avant son élection pontificale, en tant qu'archevêque de Cracovie, eu connaissance de témoignages de faits de pédo-criminalité (la presse ne relaie ni le nombre ni la nature des faits) et n'aurait pas apporté la réponse appropriée (à savoir le signalement des faits aux autorités civiles et le déclenchement d'une enquête canonique aboutissant au renvoi à l'état laïc des malfaiteurs).