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TDC 090 - L'Epitre aux Ephésiens conduit à la base de la sacramentalité du mariage

TDC 090 - L'Epitre aux Ephésiens conduit à la base de la sacramentalité du mariage

Publié par Incarnare le lundi 07/09/2009 - 17:08

1. Analysant les divers éléments de Ep 5,21-33, nous avons constaté, mercredi dernier, que les chrétiens doivent comprendre les rapports mutuels entre époux, entre mari et femme, comme l'image des rapports entre le Christ et l'Eglise.
Ces rapports sont une révélation et une réalisation dans le temps du mystère du salut, de l'élection d'amour cachée en Dieu de toute éternité. Dans cette révélation et réalisation, le mystère du salut comprend le trait particulier de l'amour nuptial, dans les rapports du Christ avec l'Eglise; c'est pourquoi cela peut être exprimé de la manière la plus adéquate en recourant à l'analogie des rapports qui existent - qui doivent exister - entre mari et femme dans le mariage. Cette analogie éclaire le mystère, au moins jusqu'à un certain point. Il semble même selon l'auteur de l'épître aux Ephésiens, que cette analogie soit complémentaire de celle du "corps mystique" Ep 1,22-23 quand nous cherchons à exprimer le mystère des rapports du Christ avec l'Eglise - et remontant encore plus loin, le mystère de l'amour éternel de Dieu envers l'homme, envers l'humanité: le mystère qui s'exprime et se réalise dans le temps à travers les rapports du Christ avec son Eglise.

2. Si, comme il a été dit, cette analogie éclaire le mystère, elle est à son tour éclairée par ce mystère. Les rapports nuptiaux qui unissent les époux, mari et femme, doivent - selon l'auteur de l'épître aux Ephésiens - nous aider à comprendre l'amour qui unit le Christ à son Eglise, cet amour réciproque du Christ et de l'Eglise, dans lequel se réalise l'éternel plan divin du salut de l'homme. Toutefois, la signification de l'analogie n'est pas encore épuisée avec cela. L'analogie utilisée dans l'épître aux Ephésiens, en même temps qu'elle éclaire le mystère des rapports entre le Christ et l'Eglise, révèle aussi la vérité essentielle sur le mariage: c'est-à-dire que le mariage ne correspond à la vocation des chrétiens que s'il reflète l'amour que le Christ-Epoux donne à l'Eglise son épouse et que l'Eglise (à la ressemblance de l'épouse soumise, qui, donc s'est pleinement donnée) s'efforce de donner au Christ en retour du sien. C'est l'amour rédempteur, sauveur, l'amour avec lequel Dieu a, de toute éternité, aimé l'homme dans le Christ: "Car Il nous a élus en lui, dès avant la création du monde pour être saints et immaculés en sa présence ... " Ep 1,4.

3. Le mariage ne correspond à la vocation des chrétiens en tant qu'époux que si cet amour, précisément, se reflète et s'actualise. Cela devient clair si nous essayons de relire l'analogie paulinienne en sens inverse, c'est-à-dire en partant des relations du Christ avec l'Eglise et nous tournant ensuite vers les relations du mari et de la femme dans le mariage. L'auteur du texte use d'un ton d'exhortation "Que les femmes soient soumises aux maris ... comme l'Eglise est soumise au Christ", Ep 5,22-23. Et d'autre part: "Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l'Eglise" Ep 5,25. Ces expressions démontrent qu'il s'agit d'une obligation morale. Toutefois, pour pouvoir recommander de telles obligations il est nécessaire d'admettre que dans l'essence même du mariage il y a une parcelle du même mystère. Autrement toute cette analogie serait suspendue dans le vide. L'invitation que l'auteur de l'épître aux Ephésiens adresse aux époux afin qu'ils modèlent leurs mutuelles relations sur les relations du Christ avec l'Eglise serait privée de base réelle ("comme"), comme si le sol venait à lui manquer sous les pieds. Telle est la logique de l'analogie utilisée dans le texte cité de l'épître aux Ephésiens.

4. Comme on le voit, cette analogie opère en deux directions. Si elle permet d'une part de mieux saisir l'essence des rapports du Christ avec l'Eglise, elle nous permet aussi d'autre part, de pénétrer plus profondément l'essence du mariage auquel sont appelés les chrétiens. Elle manifeste en un certain sens comment ce mariage, dans son essence la plus profonde, émerge du mystère de l'amour de Dieu envers l'homme et l'humanité: de ce mystère salvifique qui s'accomplit dans le temps au moyen de l'amour nuptial du Christ pour l'Eglise. Partant de Ep 5,22-33, nous pourrons ensuite développer en deux directions la pensée contenue dans la grande analogie paulinienne: soit en direction d'une compréhension plus profonde de l'Eglise, soit en direction d'une compréhension plus profonde du mariage. Dans nos considérations nous suivrons également cette seconde direction, conscients du fait qu'à la base de la compréhension du mariage dans son essence il y a les relations nuptiales du Christ avec l'Eglise. Ces relations doivent être analysées encore plus soigneusement pour pouvoir établir - en supposant l'analogie avec le mariage - de quelle manière elles deviennent signe visible de l'éternel mystère divin, à l'image de l'Eglise unie au Christ. De cette manière l'épître aux Ephésiens nous conduit à la base même de la sacramentalité du mariage.

5. Nous allons donc entreprendre une analyse détaillée du texte. Quand nous lisons dans Ep 5,23 que "le mari est chef de sa femme, comme le Christ est chef de l'Eglise, lui le Sauveur du corps", nous pouvons supposer que l'auteur, qui avait déjà expliqué précédemment que la soumission de la femme au mari, comme chef, devait se comprendre comme soumission réciproque dans la crainte du Seigneur, remonte au concept enraciné dans la mentalité de son époque pour exprimer avant tout la vérité sur les relations du Christ avec l'Eglise, c'est-à-dire que le Christ est le chef de l'Eglise. Il est chef comme Sauveur de son corps. L'Eglise est en effet ce corps qui - étant soumis en tout au Christ en tant que chef - reçoit de celui-ci tout ce qui fait qu'elle devient et est son corps: c'est-à-dire la plénitude du salut comme don du Christ qui s'est donné lui-même pour elle jusqu'à la fin. Ce don de soi que le Christ a fait au Père en lui obéissant jusqu'à la mort sur la croix prend ici un sens strictement écclésiologique: "Le Christ a aimé l'Eglise et s'est donné lui-même pour elle" Ep 5,25. En se donnant totalement par amour il a formé l'Eglise comme son corps et il ne cesse de l'édifier en devenant son chef. Comme chef il est Sauveur de son corps et, en même temps, ce Sauveur est le chef. Comme chef et Sauveur de l'Eglise, il est également l'Epoux de son Epouse.

6. L'Eglise est elle-même dans la mesure où, comme corps, elle accepte du Christ, son chef, tout le don du salut comme fruit de l'amour du Christ et de sa donation pour l'Eglise: fruit de la donation du Christ jusqu'à la fin. Ce don de soi fait au Père en obéissant jusqu'à la mort Ph 2,8 est en même temps, selon l'épître aux Ephésiens, se donner soi-même pour l'Eglise. Dans cette expression, l'amour rédempteur se transforme, dirais-je, en amour nuptial: le Christ, en se donnant lui-même pour l'Eglise par cet acte rédempteur même, s'est uni à elle une fois pour toutes, comme l'époux à son épouse, comme le mari à sa femme, se donnant par tout ce qui contient une fois pour toutes ce "se donner soi-même" pour l'Eglise. De cette manière, le mystère de la Rédemption du corps cache en soi, en un certain sens, le mystère des "noces de l'Agneau" Ap 19,7. Comme le Christ est chef du corps, tout le don salvifique de la Rédemption pénètre l'Eglise comme corps de ce chef et forme continuellement la substance essentielle, la plus profonde, de sa vie. Et il la forme de manière nuptiale, étant donné que dans le texte cité l'analogie du corps-chef passe dans l'analogie de l'époux- épouse ou plutôt du mari-femme. Les passages suivants du texte le démontrent. Il conviendra d'y revenir par la suite.

- 18 août 1982

 
 

 

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