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TDC 081 - Pour être conscient de son choix l'homme doit connaître ce à quoi il renonce

TDC 081 - Pour être conscient de son choix l'homme doit connaître ce à quoi il renonce

Publié par Incarnare le dimanche 06/09/2009 - 23:09

1. Répondant à la question que les pharisiens lui posaient à propos du mariage et de son indissolubilité, le Christ s'est référé à l'origine, c'est-à-dire au mariage institué originairement par le Créateur. Etant donné que ses interlocuteurs s'étaient réclamés de la loi de Moïse qui prévoyait la possibilité d'établir une lettre de répudiation, il répondit: "C'est en raison de votre caractère intraitable que Moïse vous a permis de répudier vos femmes, mais à l'origine il n'en fut pas ainsi" Mt 19,8.
Après l'entretien avec les pharisiens, les disciples du Christ se sont adressés à Lui en ces termes: "Si telle est la condition de l'homme envers la femme, il n'est pas expédient de se marier". Jésus leur répondit: "Tous ne comprennent pas ce langage, mais ceux-là seulement à qui c'est donné. Il y a en effet des eunuques qui sont nés ainsi du sein de leur mère; il y a des eunuques qui le sont devenus par l'action des hommes; et il y a des eunuques qui se sont eux-mêmes rendus tels en vue du Royaume des Cieux. Comprenne qui pourra!"" Mt 19,10-12.

2. Il est incontestable que les paroles du Christ font allusion à un renoncement volontaire et conscient au mariage. Pour être pleinement conscient de ce qu'il choisit (la continence pour le Royaume des Cieux) l'homme doit être tout autant conscient de ce à quoi il renonce (il s'agit exactement ici de la conscience de la valeur, au sens d'idéal; néanmoins cette conscience est absolument réaliste). Le Christ exige à coup sûr de cette manière, un choix bien mûri. La façon dont s'exprime l'appel à la continence du Royaume des Cieux le démontre clairement.

3. Mais un renoncement pleinement conscient à cette valeur ne suffit pas. A la lumière des paroles du Christ, et, de même, à la lumière de toute la tradition chrétienne authentique, on peut conclure que ce renoncement est en même temps une forme particulière d'affirmation de cette valeur dont la personne non mariée s'abstient de manière cohérente, suivant le conseil évangélique. Cela peut sembler un paradoxe. Mais on sait que le paradoxe accompagne de nombreux énoncés de l'Evangile et, souvent même, les plus éloquents et les plus profonds. En acceptant cette signification-là de l'appel à la continence pour le Royaume des Cieux, nous concluons correctement en soutenant que la réalisation de cet appel sert également - et tout particulièrement - à confirmer la signification nuptiale du corps humain dans sa masculinité et dans sa féminité. Le renoncement au mariage pour le Royaume de Dieu met en évidence ipso facto cette signification dans toute sa vérité intérieure et toute sa beauté personnelle. On peut dire que ce renoncement consenti individuellement par des hommes et des femmes, est, en un certain sens, indispensable pour que la signification nuptiale même du corps soit plus facilement reconnue dans tout l'éthos de la vie humaine et surtout dans l'éthos de la vie conjugale et familiale.

4. Ainsi donc, même si la continence pour le Royaume des Cieux (la virginité, le célibat) oriente la vie de ceux qui la choisissent librement, hors de la voie commune de la vie conjugale et familiale, cette continence ne reste toutefois pas sans signification pour cette vie: pour son style, sa valeur et son authenticité évangéliques. N'oublions pas que la clé unique pour comprendre le caractère sacramentel du mariage est l'amour conjugal du Christ envers l'Eglise Ep 5,22-23; du Christ fils de la Vierge et Vierge lui-même, c'est-à-dire eunuque pour le Royaume des Cieux au sens le plus parfait du terme. Il conviendra de reprendre plus tard ce sujet.

5. Au terme de ces réflexions il reste encore un problème concret: de quelle manière l'homme qui a reçu l'appel à la continence pour le Règne répond-il à un appel sur la base de la conscience de la signification conjugale du corps dans sa masculinité et féminité et, en plus, comme fruit de cette conscience? De quelle manière se forme-t-il ou plutôt se transforme-t-il? Cette question est également importante, tant au point de vue de la théologie du corps qu'au point de vue du développement de la personne humaine, qui est de caractère personnel et charismatique en même temps. Si nous voulions répondre de manière exhaustive à cette question - à la mesure des aspects et des problèmes concrets qu'elle offre - il faudrait mener une étude appropriée sur le rapport entre le mariage et la virginité et entre le mariage et le célibat. Mais cela dépasserait les limites des présentes considérations.

6. Restant dans le cadre des paroles du Christ rapportées par Mt 19,11-12, nous devons conclure nos réflexions en affirmant ce qui suit. - Primo: si la continence pour le Royaume des Cieux signifie incontestablement un renoncement, ce renoncement est en même temps une affirmation: celle qui découle de la découverte du don: c'est-à-dire de la découverte en même temps d'une nouvelle perspective de réalisation personnelle de soi-même "au moyen d'un don sincère de soi" GS 24; cette découverte se trouve alors en état de profonde harmonie intérieure avec le sens de la signification nuptiale du corps, liée dès l'origine à la masculinité ou féminité de l'être humain en tant que sujet personnel. -- Secundo: bien que la continence pour le Royaume des Cieux s'identifie avec le renoncement au mariage - qui donne naissance à une famille dans la vie d'un homme et d'une femme - on ne saurait nullement voir en elle une négation de la valeur essentielle du mariage; au contraire, la continence sert indirectement à mettre en relief ce qui est éternel et plus profondément personnel dans la vocation conjugale, ce qui, dans les dimensions du temporel (et en même temps en perspective de l'autre monde) correspond à la dignité du don personnel, liée à la signification nuptiale du corps dans sa masculinité ou féminité.

7. De cette manière l'appel du Christ à la continence pour le Royaume des Cieux, justement associé au rappel de la future résurrection Mt 21,24-30 Mc 12,18-27 Lc 20,27-40 a une signification capitale non seulement pour l'éthos et la spiritualité chrétienne, mais aussi pour l'anthropologie et pour toute la théologie du corps que nous découvrons à ses bases. Rappelons-nous que le Christ, en se référant à la résurrection du corps dans l'autre monde, dit, selon la version des trois Evangiles synoptiques: "Car, lorsqu'on ressuscite d'entre les morts, on ne prend ni femme ni mari ..." Mc 12,25. Ces paroles, que nous avons déjà analysées précédemment, font partie de l'ensemble de nos considérations sur la théologie du corps et contribuent à sa construction.

- 5 mai 1982

 
 

 

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