Vous êtes ici

TDC 076 - Mariage et chasteté dans le mystère de la création et de la Rédemption

TDC 076 - Mariage et chasteté dans le mystère de la création et de la Rédemption

Publié par Incarnare le dimanche 06/09/2009 - 23:03

1. Continuons à réfléchir sur le thème du célibat et de la virginité pour le Royaume des Cieux en nous fondant sur Mt 19,10-12

En parlant de la continence pour le Royaume des Cieux et en la fondant sur l'exemple de sa propre vie, le Christ désirait incontestablement que ses disciples sachent la comprendre surtout dans sa relation avec le Royaume qu'il était venu annoncer et dont il indiquait les véritables voies. La continence dont il parlait était précisément une de ces voies et, comme il résulte déjà du contexte de l'évangile de saint Matthieu, elle est une voie privilégiée, particulièrement valable. En effet, cette préférence donnée au célibat et à la virginité "pour le Royaume" était une nouveauté absolue par rapport à la tradition de l'Ancienne Alliance, et avait une signification déterminante tant pour l'éthos que pour la théologie du corps.

2. Dans son énoncé, le Christ en relevait surtout la finalité. Il disait que la voie de la continence, dont sa propre vie était un témoignage, non seulement existe et non seulement est possible, mais qu'elle est particulièrement importante et valable pour le Royaume des Cieux. Et telle elle doit être, étant donné que le Christ l'a choisie pour lui-même. Et du moment que cette voie est si importante et si valable, la continence pour le Royaume des Cieux doit avoir une valeur toute particulière. Comme nous l'avons déjà souligné, le Christ n'affrontait pas le problème au même niveau ni suivant la même ligne de raisonnement que ses disciples quand ils disaient: "Si telle est la condition ... il n'est pas expédient de se marier" Mt 19,10. Au fond de ces paroles se cachait un certain utilitarisme. Au contraire, la réponse du Christ indique indirectement que si le mariage, conforme à l'institution originaire du Créateur - rappelons qu'à ce point le Maître se réfère à l'origine - si le mariage, donc, a pleine convenance et valeur pour le Royaume des Cieux, valeur fondamentale, universelle et ordinaire, la continence possède, quant à elle, une valeur particulière, exceptionnelle. Il s'agit évidemment de la continence choisie consciemment pour des motifs surnaturels.

3. Si dans son énoncé le Christ relève avant tout la finalité surnaturelle de la continence, il le fait dans un sens non seulement objectif, mais aussi explicitement subjectif, c'est-à-dire qu'il indique la nécessité d'une motivation qui corresponde pleinement et de manière adéquate à la finalité objective déterminée par l'expression pour le Royaume des Cieux. Pour réaliser la finalité en question - c'est-à-dire redécouvrir dans la continence la particulière fécondité spirituelle qui provient de l'Esprit-Saint - il faut la vouloir et la choisir en vertu d'une foi profonde qui ne nous montre pas seulement le Royaume de Dieu dans son accomplissement futur, mais qui nous permette également et nous rende tout particulièrement possible de nous identifier avec la vérité et la réalité de ce Royaume, comme le Christ le révèle dans son message évangélique, et plus encore par l'exemple personnel de sa vie et de son comportement. C'est pour cela qu'on a pu dire que la continence pour le Royaume des Cieux - en tant que signe incontestable de l'autre monde - reflète surtout le dynamisme intérieur du mystère de la Rédemption du corps Lc 20,35 et qu'en ce sens elle se caractérise également par une particulière ressemblance avec le Christ. Qui choisit consciemment cette continence choisit, en un certain sens, une participation particulière au mystère de la Rédemption (du corps); et il veut, pour ainsi dire, la compléter de manière spéciale, dans sa propre chair Col 1,24 trouvant également en cela l'empreinte d'une ressemblance avec le Christ.

4. Tout cela se réfère à la motivation du choix, c'est-à- dire à sa finalité au sens objectif: en choisissant la continence pour le Royaume des Cieux, l'homme doit se laisser strictement guider par cette motivation. Dans le cas en question, le Christ ne dit pas que l'homme y est obligé (en tout cas, il ne s'agit certainement pas d'un devoir découlant d'un commandement); il est toutefois incontestable que ces paroles concises sur la continence "pour le Royaume des Cieux" mettent précisément la motivation en vigoureux relief. Et elles la mettent en relief (c'est-à-dire indiquent la finalité dont le sujet est conscient), tant dans la première partie de tout l'énoncé que dans la seconde, en soulignant qu'il s'agit d'un choix particulier, précisément le choix d'une vocation plus exceptionnelle qu'universelle et ordinaire. Au début, dans la première partie de son énoncé, le Christ parle de compréhension. "Tous ne comprennent pas ce langage, mais ceux-là seulement à qui c'est donné" Mt 19,11; et il s'agit non pas d'une compréhension telle qu'elle influence la décision, le choix personnel, dans lesquels le don, c'est-à-dire la grâce, doivent trouver une résonance appropriée dans la volonté humaine. Cette compréhension implique donc la motivation. Par la suite, la motivation influence le choix de la continence, acceptée après qu'on a compris ce que signifie "pour le Royaume des Cieux". Dans la deuxième partie de son énoncé le Christ déclare donc que l'homme se fait eunuque quand il choisit la continence pour le Royaume des Cieux et en fait la situation fondamentale ou le statut de sa vie terrestre tout entière. Dans une décision si solide subsiste la motivation surnaturelle, qui est à l'origine même de la décision. Elle subsiste, dirais-je, en se renouvelant constamment.

5. Précédemment nous avons déjà fixé l'attention sur la signification particulière de cette dernière affirmation. Si, dans le cas cité, le Christ parle de se faire eunuque, il ne met pas seulement en relief le poids spécifique de cette décision qui s'explique par la motivation d'une foi profonde, mais il laisse aussi clairement entendre le tourment que peuvent provoquer cette décision et ses persistantes conséquences pour l'homme, en raison des inclinations normales (nobles d'ailleurs) de sa nature.
Nous réclamer de l'origine dans le problème du mariage nous a permis de découvrir toute la beauté originelle de cette vocation de l'être humain, homme et femme: vocation qui provient de Dieu, qui correspond à la double constitution de l'homme et de même à l'appel à la communion des personnes. En prêchant la continence pour le Royaume des Cieux, le Christ ne se prononce pas seulement contre toute la tradition de l'Ancienne Alliance selon laquelle le mariage et la procréation étaient, comme nous l'avons dit, religieusement privilégiés; mais il se prononce également, en un certain sens, d'une manière qui contraste avec ce principe auquel il s'est lui-même référé; et c'est peut-être pour cela qu'il atténue ses propres paroles par cette règle de compréhension que nous avons signalée. L'analyse de l'origine (spécialement sur la base du texte jahviste) avait en effet démontré que bien qu'il soit possible de concevoir l'homme comme solitaire en face de Dieu, c'est Dieu lui-même qui l'avait tiré de cette solitude quand il dit: "Il n'est pas bon que l'homme soit seul. Je veux lui faire une aide qui soit semblable à lui" Gn 2,18.

6. Ainsi donc, la double nature homme-femme, propre à la constitution même de l'humanité, et l'unité des deux êtres qui se base sur elle restent depuis l'origine, c'est-à-dire jusque dans leur profondeur ontologique même, une oeuvre de Dieu. En parlant de la continence pour le Royaume des Cieux, le Christ pense à cette réalité. Non sans raison, il en parle (selon Matthieu) dans le contexte le plus immédiat, là où il se réfère précisément à l'origine, c'est-à-dire au principe divin du mariage dans la constitution même de l'homme.
Sur la base des paroles du Christ, on peut affirmer que non seulement le mariage nous aide à comprendre la continence pour le Royaume des Cieux, mais aussi que la continence elle- même projette une lumière particulière sur le mariage considéré dans le mystère de la Création et de la Rédemption.

- 31 mars 1982

 
 

 

A la une

Car tous ont péché...

La presse se fait l'écho d'un livre du journaliste Ekke Overbeek indiquant que Karol Wojtyła, futur Pape Jean-Paul II (et aujourd'hui Saint Jean-Paul II) aurait avant son élection pontificale, en tant qu'archevêque de Cracovie, eu connaissance de témoignages de faits de pédo-criminalité (la presse ne relaie ni le nombre ni la nature des faits) et n'aurait pas apporté la réponse appropriée (à savoir le signalement des faits aux autorités civiles et le déclenchement d'une enquête canonique aboutissant au renvoi à l'état laïc des malfaiteurs).