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TDC 035 - Le contenu du commandement "Tu ne commettras pas d'adultère"

TDC 035 - Le contenu du commandement "Tu ne commettras pas d'adultère"

Publié par Incarnare le samedi 05/09/2009 - 20:16

1. L'analyse de ce qu'a affirmé le Christ dans le Discours sur la Montagne en se référant à l'adultère et au désir qu'il appelle adultère commis dans le coeur, doit être développée en partant des premières paroles. Le Christ dit: "Vous avez appris qu'il a été dit: Tu ne commettras pas l'adultère ... Mt 5,27. Il a pensé au commandement de Dieu, celui qui figure à la sixième place du Décalogue et qui fait partie de ce qu'on appelle la deuxième Table de la Loi, celle que Dieu- Yahvé avait donnée a Moïse.
Plaçons-nous tout d'abord au point de vue des auditeurs directs du Discours sur la Montagne, de ceux qui ont entendu les paroles du Christ. Ce sont les fils et les filles du peuple élu, un peuple qui avait reçu la Loi de Dieu-Yahvé lui-même et que les prophètes également avaient sans cesse blâmé tout au long des siècles, précisément à cause de leur attitude à l'égard de la Loi et des multiples transgressions de celle-ci. Le Christ parle également de semblables transgressions. Mais il parle plus encore de cette interprétation humaine de la Loi dans laquelle est effacée et disparaît la signification exacte du bien et du mal que le divin législateur a spécifiquement voulue. En effet, la Loi est surtout un moyen - un moyen indispensable pour que "surabonde la justice" Mt 5,20, selon l'ancienne traduction). Le Christ veut qu'une semblable justice "surpasse celle des scribes et des Pharisiens". Il refuse l'interprétation qu'au cours des siècles ceux-ci ont faite du contenu authentique de la Loi, étant donné que dans une certaine mesure ils ont soumis son contenu, c'est-à-dire le dessein et la volonté du législateur. aux nombreuses faiblesses et aux limites de la volonté humaine découlant précisément de la triple concupiscence. C'était là une interprétation casuistique superposée à la vision originaire du bien et du mal liée à la Loi du Décalogue. Si le Christ tend à la transformation de l'ethos, il le fait surtout pour rendre sa clarté fondamentale à l'interprétation: "N'allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les prophètes; je ne suis pas venu pour abolir mais pour accomplir." Mt 5,17 La condition de cet accomplissement est la juste compréhension. Et ceci s'applique notamment au commandement: "Tu ne commettras pas l'adultère".

2. Qui suit dans les pages de l'Ancien Testament l'histoire du peuple élu depuis les temps d'Abraham y trouvera en abondance des faits qui attestent comment ce commandement était mis en pratique et comment, à la suite de cette mise en pratique, s'élaborait l'interprétation casuistique de la Loi. D'abord, on sait parfaitement que l'histoire de l'Ancien Testament est le théâtre d'un abandon systématique de la monogamie: ce qui devait avoir une signification fondamentale pour comprendre la défense: "Tu ne commettras pas l'adultère". L'abandon de la monogamie, spécialement du temps des prophètes, était dictée par le désir de la descendance, d'une nombreuse descendance. Ce désir était si profond et la procréation comme fin essentielle du mariage était si évidente que les femmes qui aimaient leur mari et qui ne pouvaient leur donner une descendance demandaient de leur propre initiative au mari qui les aimait de pouvoir "prendre elles-mêmes sur leurs genoux" - c'est-à-dire d'accueillir - les enfants nés d'une autre femme, par exemple de la servante, c'est-à-dire de l'esclave. C'était le cas, par exemple, de Sara à l'égard d'Abraham Gn 16,2 ou de Rachel à l'égard de Jacob Gn 30,3.
Ces deux récits reflètent le climat moral dans lequel le Décalogue était mis en pratique. Ils indiquent comment l'ethos juif se trouvait préparé à l'accueil du commandement "tu ne commettras pas l'adultère" et quelle application ce commandement trouvait dans la plus antique tradition de ce peuple. En effet, en Israël, la plus haute autorité appartenait aux patriarches et celle-ci avait un caractère religieux. Elle était strictement liée à l'Alliance et à la Promesse.

3. Le commandement "Tu ne commettras pas l'adultère" n'a pas changé cette tradition. Tout indique que son développement ultérieur ne se limitait pas aux motifs (plutôt exceptionnels) qui avaient guidé le comportement d'Abraham et de Sara ou de Jacob et de Rachel. Si nous prenons comme exemple les plus illustres représentants d'Israël après Moïse, les rois d'Israël, David et Salomon, le récit de leur vie atteste que la polygamie était effectivement établie et ceci pour d'incontestables motifs de concupiscence.
Dans l'histoire de David, qui avait plusieurs femmes, ce qui doit frapper le plus ce n'est pas seulement le fait qu'il avait pris la femme de l'un de ses sujets, mais aussi celui qu'il avait nettement conscience d'avoir commis un adultère. Ce fait, tout comme la pénitence du roi, sont décrits en détail et de manière suggestive 2S 11,2-27. Par adultère, on entend uniquement la possession de la femme d'autrui, alors que ne l'est pas la possession d'autres femmes comme épouses à côté de la première. Toute la tradition de l'Ancien Testament indique que la conscience des générations qui se sont succédé dans le peuple élu et leur ethos n'a jamais été touchée par l'obligation effective de la monogamie comme implication essentielle et indispensable du commandement: "Tu ne commettras pas l'adultère".

4. Sur ce plan, il faut également comprendre tous les efforts qui tendent à insérer le contenu spécifique du commandement "Tu ne commettras pas l'adultère" dans le cadre de la législation promulguée. On en trouve la confirmation dans les livres de la Bible qui enregistrent amplement l'ensemble de la législation de l'Ancien Testament. Si l'on prend à la lettre cette législation, il en résulte qu'elle combat l'adultère de manière décidée et sans égards, usant de moyens radicaux, y compris la peine de mort Lv 20,10 Dt 22,22 Elle le fait tout en soutenant effectivement la polygamie, allant même jusqu'à la légaliser pleinement, au moins de manière indirecte. Et ainsi, l'adultère n'est donc combattu que dans les limites déterminées et dans le cadre des prémisses définitives qui donnent sa forme essentielle à l'ethos de l'Ancien Testament.
Par adultère, on y entend surtout (et peut-être exclusivement) l'atteinte au droit de propriété de l'homme à l'égard de toute femme légalement son épouse (d'habitude: l'une parmi toutes les autres); par contre, on n'y comprend pas l'adultère comme il se révèle du point de vue de la monogamie établie par le Créateur. Nous savons désormais que le Christ se réfère à "l'origine", précisément en ce qui concerne ce sujet Mt 19,8.

5. De plus, la circonstance dans laquelle le Christ prend la défense de la femme surprise en flagrant délit d'adultère et la défend contre la lapidation est significative. Il dit à ses accusateurs: "Que celui de vous qui est sans péché lui jette la première pierre" Jn 8,7. Lorsque ceux-ci, abandonnant leurs pierres, se furent éloignés, il dit à la femme: "Va, et désormais ne pèche plus." Jn 8,11. Pour le Christ, l'adultère s'identifie clairement avec le péché. D'autre part, lorsqu'il s'adresse à ceux qui voulaient lapider la femme adultère, il fait appel non pas aux prescriptions de la loi d'Israël, mais exclusivement à la conscience. Le discernement du bien et du mal inscrit dans la conscience humaine peut se révéler plus profond et plus correct que le contenu d'une norme légale.
Comme nous l'avons vu, l'histoire du Peuple de Dieu dans l'ancienne Alliance (que nous avons tâché seulement d'éclairer par quelques exemples) se déroulait, dans une large mesure, sur un plan extérieur à la norme que Dieu avait inscrite dans son commandement "Tu ne commettras pas l'adultère"; elle passait, pour ainsi dire, à côté. Le Christ voulait redresser ces déformations. De là les paroles qu'il a prononcées dans le Discours sur la Montagne.

- 13 août 1980

 
 

 

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