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Soin du corps, soin de la personne

Soin du corps, soin de la personne

Publié par Incarnare le dimanche 23/06/2013 - 12:46 - Corps

Je voudrais partager avec vous le beau témoignage qu'Eric Audinet, aide-soignant de profession, a donné hier au lancement du courant Ecologie Humaine :

 

Introduction

 En témoignant j’ai bien conscience que mon vécu d’aide - soignant est quelque chose de personnel et particulier. C’est pourquoi, j’ai pris l’option de ne pas seulement entrer dans le détail mais surtout d’essayer de vous transmettre les lignes de forces, les principes qui me permettent de durer, sans rêve d’ailleurs, depuis maintenant une quinzaine d’années dans le même service. Je fait cette remarque car nous voyons trop souvent le rôle  central du « vécu » entraver la bonne marche de la raison, altérer le sens du bien commun et finir par ne plus être au service de l’homme : les récentes lois réalisées principalement à partir d’un vécu singulier en sont un bon exemple.

1 Mon métier

Le métier d’aide-soignant

Le métier d’aide-soignant est un métier simple et essentiel.  Aide-soignant, tout le monde l’est plus ou moins, mais sous un mode non professionnel, au sein de sa famille par le soin de la vie quotidienne que l’on prodigue à ses enfants ou  à ses aïeux. On est tous un peu soignant sans le savoir.

 Etre aide-soignant auprès des personne âgées, c’est aider la personne dans les gestes quotidiens qu’elle ne peut plus faire toute seule : aller aux toilettes, se laver, se vêtir, manger, changer de position etc. … avec l’exigence des règles d’hygiène, de sécurité et d’économie qui incombent  aux professionnels en milieu hospitalier.

En parlant du vécu familial comme archétype adéquat du soin, je voulais  signaler un premier moteur  qui est d’avoir continuellement à l’esprit que les personnes dont je m’occupe ne sont pas moins riches en humanité que mes propres enfants : je ne leur doit pas moins  en douceur, en délicatesse, attention, respect de la pudeur !

Ce qui m’a conduit à ce métier

De chimiste, je suis devenu aide-soignant, conversion étonnante qui en a dérouté plus d’uns ! Mais ce choix répondait à quelques qualités et aspirations personnelles. En effet j’avais quelques années auparavant en tant que fils unique vécu l’épreuve de la mort de ma mère d’un cancer. Cette épreuve douloureuse dépassée, je me disais que je pouvais être utile au près de ceux qui vont mourir. De plus je voulais servir, vivre une relation véritable à l’autre,  faire le bien  et ceci de manière concrète et immédiate. 

Un métier qui nous emmène jusqu’au don

Ce métier de soins auprès des personnes nous emmène jusque au don de nous même, très concrètement jusque dans notre fatigue. J’ai bien conscience que nos gestes ne sont pas toujours parfaits, parfaitement doux et tendre: mais il ne faut rien lâcher et toujours recommencer, progresser. Cette dynamique d’ensemble me permet  toujours de  repartir du travail certes avec la fatigue du jour mais grandit par rapport à la veille, et ainsi faire l’expérience  que c’est en ce donnant que l’homme se trouve.

Un réalisme à toujours garder

Dans ce métier nous sommes toujours gardés dans un certain réalisme, par les odeurs désagréables, la souffrance, les cris, les coups, les insultes, les crachats, des histoires personnelles très lourdes,  la mort. Mais aussi la répétition  quotidienne des mêmes tâches peu valorisantes en soi mais au combien riches de sens.

Une autre notion m’oriente beaucoup dans ma pratique en milieu hospitalier, c’est le fait d’être au service du bien commun.

La vie à ses contraintes, l’hôpital aussi .J’ai la chance  d’exercer ce métier essentiel au bon fonctionnement de la société, une mission de service public rendue possible  grâce à la solidarité nationale.

Cette notion est présente aussi dans le concret de la pratique ou l’on essaie de faire au mieux avec les effectifs tels qu’ils sont, c’est à dire donner à chacun une part équitable de ce qui lui est dû : cela peut être parfois le fait d’abréger une conversation avec un malade passionnant pour aller vers celui qui ne peux plus rien dire ou est très désagréable, voire violent mais qui lui aussi a besoin et doit recevoir la même qualité de soins.  

2 Le soin dû à toute personne comme révélateur de la dignité de tout homme

Un danger

Un danger nous guette : la superficialité qui fait dépérir des peuples qui regorgent de bien-être, mais qui n’ont plus d’être.

La lumière de chaque homme

En chaque homme il y a une lumière qu’il nous faut redécouvrir.

Dans ma profession, je suis toujours impressionné, par le fait que ces personnes tiennent encore « debout » avec tout le poids de l’âge et des souffrances en lien avec l’hospitalisation, le vieillissement qui conduit un jour ou l’autre à la mort qui pour moi est la grande  épreuve de l’existence.

Comme toute épreuve, c’est aussi un moment de révélation qui rend à néant tout les faux semblants. Ces personnes sont pour moi lumineuses. Cette lumière, c’est l’héroïcité des vertus dont ces personnes font preuve ! « L’homme dépasse infiniment l’homme ».Qui en effet se sentirait capable de tenir une semaine, des mois dans un lit ? D’où vient cette joie que les patients nous donnent quand toutes leurs maigres forces se mobilisent pour nous faire un sourire,  nous dire merci,  et ceci n’est pas rare. Ils nous désarment complètement : Qui suis-je pour être traité avec tant d’égards ? 

Protéger toute la vie

Dans les derniers moments de l’existence humaine, l’homme atteint son point de fragilité le plus extrême. Il n’y  a souvent plus rien à faire pour nous soignants, sinon, être là témoins de la vie qui nous dépasse tous, prendre conscience du caractère limité de toutes nos actions où finalement beaucoup de choses nous échappent. Ceci nous plonge dans la vérité même de la vie. Alors la question principale de l’existence n’est plus celle du bien-être mais celle de l’être, qui est la question fondamentale de toute  personne humaine.     

Ce temps infiniment fragile et précieux à la fois ne doit jamais être volé, sinon nous prenons le risque d’un incroyable appauvrissement de l’existence humaine qui nous conduirait vers un dépérissement certain.

Cependant le danger et la tentation demeurent de  vouloir abréger ce temps qui conduit à la mort parce considéré comme inutile, et ceci, peut-être pas en donnant la mort directement, mais en ne réalisant pas tous les soins vitaux.

Conclusion

Soigner c’est voir au-delà des apparences, pour rendre à l’autre le bien véritable qu’il lui est toujours du.

 
 

 

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