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Quel genre d'homme êtes-vous ?

Quel genre d'homme êtes-vous ?

Publié par Incarnare le mardi 29/01/2013 - 20:30 - Corps - Blog

En opposant frontalement sexe et genre, en méprisant l'un pour tenter de sauvegarder l'autre, certains détracteurs du gender se font les alliés objectifs de ses partisans, dont la rhétorique est également construite sur la dualité nature / culture, perçues non comme complémentaires (la seconde étant le lieu de réalisation de la première) mais comme antagonistes, voire ennemies..
 

Bon genre ou mauvais genre ?

Oui, il existe des études sur le genre sérieuses, qui analysent simplement les aspects culturels et sociaux des relations entre les sexes et leurs conséquences sur notre sexuation, c'est à dire l'avènement (je préfère ce mot à celui de construction) de notre sexualité, de notre identité affective et sexuelle.

Il est vrai qu'elles seraient sans doute mieux connues si leurs défenseurs auto-proclamés de la blogosphère catholique passaient autant de temps à les faire connaître et à en montrer la richesse qu'à taxer de biologisme, d'ignorance et d'obscurantisme quiconque dénonce l'usage dévoyé que certains font des concepts développés dans ces études. Ils y perdent (et nous avec) que le mot gender est irrémédiablement associé à ces dérives. 

Car dérives, il y a. Certes, pas un grand complot, mais un faisceau idéologique, qui a déserté depuis longtemps le champ scientifique pour l'arène politique (et ne mérite donc pas d'être appelé « théorie », au sens où ce mot suppose une cohérence intellectuelle et épistémologique).

Oui, il y a un bon genre et un mauvais genre. Et contrairement au bon chasseur et au mauvais chasseur, il ne se ressemblent pas, et il y a ici plus en jeu que la galinette cendrée. 
 

Genre vs. Gender

J'ai, pour ma part, déjà un peu évoqué ce mélange des genres (#AutoPub).

Dans un ouvrage récemment paru1, "L'éducation à l'âge du « gender » : construire ou déconstruire l'homme ?" (117p, Salvator), cinq philosophes2 et un théologien3 montrent comment un combat politique pour la reconnaissance de l'égalité de toutes les pratiques sexuelles a pris en otage des études scientifiques (médicales, psychologiques, sociologiques) sur le genre.

Les auteurs ne nient pas, loin de là, le caractère social et l'influence culturelle dans l'avènement de la sexualité, et affirme que celle-ci n'est pas immédiatement déduite de la réalité biologique (et notamment, que les inégalités fondées sur le sexe ne sont pas fondées en nature) :

 [Il est] vrai qu'une société est constituée par les rapports humains. [...] Or les actes humains sont cause de contingence. Cette contingence doit être honorée : par exemple, le féminisme a pu se déployer à causer de l'existence de formes de sexisme. Cela nous montre que les rapports sociaux ne peuvet être déterminés a priori comme corollaire des sciences biologiques. (T. Collin, p.30)

Nous ne pouvons plus faire comme si le développement plénier des dimensions personnelles de la sexualité allaient de soi (T. Collin, p.37)

Cependant, loin d'opposer nature et culture, biologie et psychologie, les philosophes insistent sur l'unité fondamentale de la Personne : 

 Pour prendre une analogie, un arbre constitue une unique réalité, approchée différemment par le promeneur, le bûcheron ou l'artiste ; pour une réalité aussi complexe que la sexualité, il est légitime qu'il y ait plusieurs points de vue, des approches différenciées, pourvu qu'on ne sacrifie pas à ces diverses perspectives l'unité de l'objet étudié, en l'occurrence de la personne une.
 
Or, dans l'éducation, on est justement dans un acte englobant, on doit considérer la globalité de la personne, son unité. Cela ne signifie pas d'ailleurs que la personne soit totalement unifiée, mais qu'en profondeur elle est essentiellement une. (T. Collin, p.31)

Ainsi, parler de nature humaine ne revient pas  à sombrer dans le biologisme, mais reconnaître (comme le font les études de genre sérieuses) qu'il y a un lien entre ce donné qu'est le corps, et la manière dont nous le vivons : 

 Par exemple, un sourire est une action liée à la culture : on ne sourit pas de la même façon au Japon et en Europe, mais en même temps, le nouveau-né sourit avant tout apport de la culture et personne ne manifeste sa joie en remuant les oreilles. Donc on a un geste qui a été élaboré, construit, dans un tel ensemble de sens [...] mais cela n'est pas pour autant arbitraire. Il ne faut pas confondre le culturel et le conventionnel, d'une part ; le conventionnel et l'arbitraire, d'autre part.  (J.-N. Dumon, p.97)

A l'inverse, ce sont ceux qui, visant l'égale légitimation de toutes les pratiques sexuelles, séparent radicalement nature et culture, et en viennent à réduire la nature aux sciences naturelles, pour ensuite prétendre qu'elle n'est rien. 

Je crois que c'est la lassitude de voir ce raisonnement boiteux triompher qui a mené les français massivement dans la rue le 13 janvier. 

 D'où vient qu'un boiteux ne nous irrite pas et qu'un esprit boiteux nous irrite ? A cause qu'un boîteux reconnaît que nous allons droit et qu'un esprit boiteux dit que c'est nous qui boitons ; sans cela, nous en aurions pitié et non colère (Blaise Pascal, cité par T. Collin, p.29)

 

 

 
 

 

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La presse se fait l'écho d'un livre du journaliste Ekke Overbeek indiquant que Karol Wojtyła, futur Pape Jean-Paul II (et aujourd'hui Saint Jean-Paul II) aurait avant son élection pontificale, en tant qu'archevêque de Cracovie, eu connaissance de témoignages de faits de pédo-criminalité (la presse ne relaie ni le nombre ni la nature des faits) et n'aurait pas apporté la réponse appropriée (à savoir le signalement des faits aux autorités civiles et le déclenchement d'une enquête canonique aboutissant au renvoi à l'état laïc des malfaiteurs).