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Faute confessée, faute totalement pardonnée

Faute confessée, faute totalement pardonnée

 C'est peut-être une évidence, pour vous, mais pour France 2 et Libé, c'est un scoop : l'IVG n'est pas impardonnable. C'est qu'on a parfois tendance à voir dans le Pape un Père fouettard et dans l'Eglise une marâtre qui n'a de cesse de vous faire chuter. Bien au contraire, l'Eglise sait se faire maternelle, et le Vicaire du Christ, tendre Père. 

Le début de l'histoire, c'est ce communiqué sur le site de l'archevêché de Madrid informant que le Cardinal Rouco, archevêque du lieu, délègue à tous les prêtres la faculté de donner l'absolution pour l'excommunication latae sententiae qui touche les personnes ayant subi ou contribué à faire subir un avortement1

De quoi s'agit-il ? L'avortement serait-il habituellement exclu de la miséricorde divine ? Dieu ferait des soldes d'indulgence ? Et aux JMJ, on rase gratis ? Loin s'en faut. Quelques explications s'imposent.

Déjà sur l'excommunication latae sententiae. C'est une séparation de l'Eglise-corps-du-Christ qui n'est pas décrétée, mais vécue de facto (latin aussi mais nettement moins classe) par celui ou celle qui commet une faute grave, qui blesse la personne et son rapport à Dieu.

Parmi celles-ci, on ne trouve pas que l'avortement : un prêtre qui trahirait le secret de la confession serait lui aussi excommunié latae sententiae2

Il faut savoir que, dans l'Eglise catholique, c'est l'évêque, successeur des apôtres3, qui dispose de la faculté de pardonner les péchés au nom du Christ. Il la délègue habituellement aux prêtres de son diocèses qu'il juge capables de la tâche (en France, ce sont en général tous les prêtres, mais dans de nombreux lieux, on estime que les prêtres doivent se forger un peu d'expérience pastorale avant de pouvoir entendre leurs ouailles en confession).

Pour certains actes plus graves, le droit canon stipule que c'est l'évêque qui entend la personne en confession. C'est le cas des actes couverts par la fameuse excommunication latae sententiae4. Là encore, un décret de l'évêque peut lui permettre de tordre un peu les règles. 

Que ce soit pour des raisons pratiques (impossible pour chaque jeune de venir trouver son évêque) ou pastorales (on suppose que le jeune jmj-iste qui vient ce confesser est dans une démarche réelle de conversion), le Cardinal Rouco a fait ici son job : semblable au Père qui court vers le fils prodigue, il a ouvert grand les vannes de la miséricorde

Contrairement aux divagations du + du Nouvel Obs, les prêtres ne doivent pas "exiger une pénitence convenable" pour satisfaire les conservateurs, mais pour responsabiliser la personnne et lui permettre de faire concrètement ce premier pas de la conversion, ce retournement vers le Père. 

Mais peut être que nos journalistes finiront pas se rendre compte que tout n'est pas politique et qu'au milieu de la masse, il y a encore une place dans ce monde pour la Personne.

  • 1. Pour ceux que ça intéresse, c'est le canon c. 1398
  • 2. Et pour tordre le cou au couplet sur l'obscurantisme à la mode Recife, disons que la petite fille n'était pas touchée par cette peine, puisqu'agée de moins de 16 ans cf. c 1623
  • 3. bon, en vrai, c'est l'Ordinaire, cf. c.969, mais je suis pas expert en droit canon, alors on va zapper les subtilités
  • 4. cf. Canon 1355-2

 
 

 
 

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Car tous ont péché...

La presse se fait l'écho d'un livre du journaliste Ekke Overbeek indiquant que Karol Wojtyła, futur Pape Jean-Paul II (et aujourd'hui Saint Jean-Paul II) aurait avant son élection pontificale, en tant qu'archevêque de Cracovie, eu connaissance de témoignages de faits de pédo-criminalité (la presse ne relaie ni le nombre ni la nature des faits) et n'aurait pas apporté la réponse appropriée (à savoir le signalement des faits aux autorités civiles et le déclenchement d'une enquête canonique aboutissant au renvoi à l'état laïc des malfaiteurs).