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Le paradis, cet enfer ? Episode 1 : les deux trônes

Le paradis, cet enfer ? Episode 1 : les deux trônes

Publié par Incarnare le samedi 30/10/2010 - 21:22 - Blog

L'approche de la Toussaint et du Jour des défunts dans la liturgie catholique nous amène naturellement à nous interroger sur les fins dernières et le jugement dernier. Vient alors l'inquiétude légitime : serons-nous sauvés ? et finalement, que faut-il faire pour l'être ? L'espérance de la vie après la mort suffit-elle à apaiser la douleur de la perte d'un être cher ?

Les hebdomadaires accompagnent notre réflexion, puisque Pèlerin publie un dossier sur le deuil, mais c'est un article de La Vie qui a attiré mon attention aujourd'hui : Guillaume Cuchet, historien, y montre la tension qui existe dans l'évangile entre justice et miséricorde, et comment le discours de l'Eglise l'imaginaire populaire a pu pencher excessivement dans l'un ou l'autre sens, agitant tantôt le spectre de la colère divine, tantôt le hochet du doux-jésus-tout-amour. 

Précision utile avant toute lecture de la suite : cette série de billets ne se veut pas un exposé dogmatique ou normatif, mais réflète l'état actuel de mon regard sur la question du salut. Il n'est sans doute pas exempt d'imprécisions voire d'erreurs, et je compte sur le discernement (et la correction fraternelle) de ses lecteurs.  

Les deux visions, séparées l'une de l'autre, me semblent terriblement pauvres1, et représentent deux fausses images de Dieu. Si Dieu est impitoyable, alors le paradis, c'est l'enfer ; s'il est permissif et brade l'amour, il n'y a plus de paradis où aller.

 

Le trône de la justice et celui de la miséricorde

La tradition juive de Roch Hachana, ou Nouvel An, Dieu commence par siéger sur son trône de justice pour juger toute la terre. Pendant les jours dits redoutables il retient son jugement face au repentir des hommes et enfin, à Yom Kippour, touché par leur conversion, il prend place sur son deuxième trône, celui de la miséricorde. Pendant ces dix jours, les juifs récitent particulièrement le psaume 27 : "Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurai-je crainte ?" Notons qu'ils invoquent ainsi Dieu sous le nom de Hachem (Dieu qui se fait proche des hommes) et non d'Elohim (Dieu créateur et juge).

La Bible, comme le faisait remarquer G. Cuchet, semble avoir un double discours sur la loi : le psalmiste dit "Combien j'aime ta loi!", tandis que pour Saint-Paul la loi nous condamne, puisqu'elle nous met face à notre état de pécheurs. Par dessus le marché, Jésus dit venir pour l'accomplir et non l'abolir, ce que ne nie pas Paul2.

Est-il alors uniquement question d'attendrir le courroux céleste par des prières et des supplications ? De lui faire les yeux doux pour continuer à pécher le reste de l'année ?

Cette ré-affirmation de la loi par Jésus ne signifie pas un jugement impitoyable : elle vient immédiatement après qu'il ait proclamé les béatitudes. Mais elle appelle toutefois clairement à ce que nos politiques appellent volontiers aujourd'hui un "changement de logiciel"3. Nous devons convertir (ou laisser Dieu convertir) la manière dont nous regardons la proposition d'amour que Dieu nous fait.

Alors quel est donc ce nouveau logiciel, ce RegardSurDieuetNotreSalut v2.04 qui nous permettra d'avancer ? 

Au prochain épisode, nous verrons comment le don de la liberté et la question de son usage peut être un début de réponse ⇒ A suivre ici

  • 1. et j'espère qu'à la lecture de billet, beaucoup comprendront pourquoi l'opposition entre "tradis rigoristes" et "progressistes laxistes" n'a aucun sens pour moi
  • 2. cf.Rm 3,31 Détruisons-nous donc la Loi par la foi? Loin de là! Nous la confirmons au contraire
  • 3. appel qui est au coeur de la Théologie du corps, on n'était donc pas si éloignés que cela !
  • 4. note : j'arrête ici la métaphore geek, promis

 
 

 
 

A la une

Car tous ont péché...

La presse se fait l'écho d'un livre du journaliste Ekke Overbeek indiquant que Karol Wojtyła, futur Pape Jean-Paul II (et aujourd'hui Saint Jean-Paul II) aurait avant son élection pontificale, en tant qu'archevêque de Cracovie, eu connaissance de témoignages de faits de pédo-criminalité (la presse ne relaie ni le nombre ni la nature des faits) et n'aurait pas apporté la réponse appropriée (à savoir le signalement des faits aux autorités civiles et le déclenchement d'une enquête canonique aboutissant au renvoi à l'état laïc des malfaiteurs).