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TDC 113 - La dimension mystique du langage du corps

TDC 113 - La dimension mystique du langage du corps

Publié par Incarnare le mercredi 09/09/2009 - 21:35

1. Reportons-nous aujourd'hui au texte classique du Ep 5,21-32 qui révèle les sources éternelles de l'Alliance dans l'amour du Père et, en même temps, sa nouvelle et définitive institution en Jésus-Christ.
Ce texte nous conduit à une dimension du langage du corps telle quelle pourrait être appelée "mystique". Il parle en effet du mariage comme d'un "grand mystère" ("Ce mystère est de grande portée", Ep 5,32). Et bien que ce mystère s'accomplisse dans l'union nuptiale du Christ rédempteur avec l'Eglise et de l'Eglise-épouse avec le Christ ("Je veux dire qu'il (ce mystère) s'applique au Christ et à l'Eglise" Ep 5,32 et bien qu'il s'effectue définitivement dans les dimensions eschatologiques, l'auteur de l'épître aux Ephésiens n'hésite pas, toutefois, à étendre l'analogie de l'union du Christ et de l'Eglise dans l'amour nuptial (définie de manière si "absolue" et eschatologique) au signe sacramentel du pacte conjugal de l'homme et de la femme qui sont "soumis les uns aux autres dans la crainte du Christ" Ep 5,21. Il n'hésite pas à étendre cette analogie mystique au langage du corps, examiné dans la vérité de l'amour nuptial et de l'union conjugale des deux.

2. Il faut reconnaître la logique de ce merveilleux texte qui libère radicalement notre façon de penser des éléments de manichéisme ou de considération non personnaliste du corps, et qui en même temps rend le langage du corps, contenu dans le signe sacramentel du mariage, plus proche de la dimension de la sainteté réelle.
Les sacrements greffent la sainteté sur le terrain de l'humanité de l'homme; ils pénètrent de la force de la sainteté l'âme et le corps, la féminité et la masculinité du sujet personnel. Tout ceci est exprimé dans la langue de la liturgie: cela s'y exprime et s'y réalise.
La liturgie - la langue liturgique - élève le pacte conjugal de l'homme et de la femme, basé sur le langage du corps considéré dans sa vérité, aux conditions du mystère; et elle permet, en même temps, que ce pacte se réalise aux dimensions précitées à travers le langage du corps.
C'est précisément de cela que parle le signe du sacrement du mariage qui, dans la langue liturgique, exprime un événement interpersonnel, riche d'intenses contenus individuels attribués à l'homme et à la femme "jusqu'à la mort". Le signe sacramentel signifie non seulement le "devenir" - la naissance du mariage -, mais constitue aussi tout son "être", toute sa durée: l'un et l'autre comme réalité sacrée et sacramentelle, enracinée dans la dimension de la Création et de la Rédemption. De cette manière, la langue liturgique assigne à tous deux, à l'homme et à la femme, l'amour, la fidélité et l'honnêteté conjugale au moyen du langage du corps. Il leur assigne l'unité et l'indissolubilité du mariage dans le langage du corps. Il leur assigne comme tâche tout le "sacrum" de la personne et de la communion des personnes et, de même, leur féminité et masculinité - précisément dans ce langage.

3. C'est en ce sens que nous affirmons que la langue liturgique devient langage du corps. Cela signifie une série de faits et de tâches qui forment la spiritualité du mariage, son ethos. Dans la vie quotidienne des époux, ces faits deviennent des tâches; et les tâches se traduisent en des faits. Ces faits - comme aussi les engagements - sont de nature spirituelle; toutefois, ils s'expriment en même temps selon le langage du corps.
L'auteur de l'épître aux Ephésiens écrit à ce propos: "(...) les maris doivent aimer leur femme comme leur propre corps (...)" Ep 5,28 - c'est-à-dire "comme soi même" Ep 5,33 - "et que la femme révère son mari" Ep 5,33. Du reste, qu'ils soient tous deux "soumis l'un à l'autre dans la crainte du Christ" Ep 5,21.
Le langage du corps, en tant que continuité ininterrompue de la langue liturgique, s'exprime non seulement comme l'attrait et la complaisance réciproques du Cantique des Cantiques, mais aussi comme la profonde expérience du "sacrum" qui semble s'être répandu dans la masculinité et féminité même à travers la dimension du "mysterium": "mysterium magnum" de l'épître aux Ephésiens qui plonge précisément ses racines dans l'origine, c'est-à-dire dans le mystère de la création de l'être humain: homme et femme, à l'image de Dieu, et appelés à être dès l'origine un signe visible de l'amour créateur de Dieu.

4. Ainsi donc cette crainte de Dieu et ce respect dont parle l'auteur de l'épître aux Ephésiens ne sont rien d'autre qu'une forme spirituellement mûre de cet attrait réciproque: c'est-à-dire de l'homme vers la féminité et de la femme vers la masculinité, qui se révèle pour la première fois dans Gn 2,23-25 Ensuite le même attrait semble parcourir comme un large torrent les versets du Cantique des Cantiques pour trouver, dans des circonstances totalement différentes, son expression concise et concentrée dans le livre de Tobie.
La maturité spirituelle de cet attrait n'est autre que la fructification du don de crainte - un des sept dons du Saint Esprit dont saint Paul fait état dans sa première épître aux Thessalonissiens 1Th 4,4-7
Par ailleurs la doctrine de saint Paul au sujet de la chasteté comme "vie selon l'Esprit" Rm 8,5 nous permet (particulièrement sur la base de 1Co 6) d'interpréter ce respect en un sens charismatique, c'est-à-dire comme don de l'Esprit Saint

5. En exhortant les époux à être soumis l'un à l'autre "dans la crainte du Christ" Ep 5,21, et par la suite, en les incitant au respect dans les relations conjugales, l'épître aux Ephésiens semble mettre en évidence, conformément à la tradition paulinienne, le fait que la chasteté est une vertu et qu'elle est un don.
C'est de cette manière, à travers la vertu , et plus encore, à travers le don (vie selon l'Esprit) que mûrit spirituellement l'attrait réciproque de la masculinité et de la féminité. Tous deux, l'homme et la femme s'éloignant de la concupiscence trouvent l'exacte dimension dans la vraie signification nuptiale du corps.
Ainsi la langue liturgique, c'est-à-dire la langue du sacrement et du "mysterium" devient dans leur vie, dans leur coexistence, un langage d'une profondeur, d'une simplicité et d'une beauté jusqu'à ce moment inconnues.
Voilà ce qui paraît être la signification intégrale du signe sacramentel du mariage. Dans ce signe - à travers le langage du corps -, l'homme et la femme vont à la rencontre du grand "mysterium" pour transférer la lumière de ce mystère - lumière de vérité et de beauté, exprimée par la langue liturgique - en langage du corps, c'est-à-dire dans le langage de la praxis de l'amour, de la fidélité, de l'honnêteté et, donc, dans l'ethos enraciné dans la Rédemption du corps Rm 8,23. Sur cette voie la vie conjugale devient, en un certains sens, liturgie.

- 4 juillet 1984

 
 

 

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