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TDC 125 - La continence comme vertu est pour l'homme le moyen de se libérer de ses tensions

TDC 125 - La continence comme vertu est pour l'homme le moyen de se libérer de ses tensions

Publié par Incarnare le mercredi 09/09/2009 - 22:04

1. Nous allons poursuivre l'analyse de la continence à la lumière de l'enseignement contenu dans l'encyclique Humanae Vitae.
On pense souvent que la continence provoque des tensions intérieures dont l'homme doit se libérer. A la lumière des analyses ci-dessus, la continence, intégralement comprise, se révèle plutôt l'unique moyen pour libérer l'homme de ces tensions. Elle ne signifie rien d'autre que l'effort spirituel qui vise à exprimer le langage du corps, non seulement dans la vérité mais aussi dans l'authentique richesse des manifestations d'affection.

2. Cet effort, est-il possible? En d'autres termes (et sous un autre aspect) se présente ici l'interrogation au sujet de la possibilité de réaliser la norme morale que rappelle et confirme Humanae Vitae. Cette interrogation est l'une des plus essentielles (et aussi, actuellement, une des plus urgentes) dans le domaine de la spiritualité conjugale
L'Eglise est absolument convaincue de la justesse du principe qui affirme la paternité et la maternité responsables - au sens expliqué par les précédentes catéchèses - et cela non seulement pour des motifs "démographiques", mais aussi pour des raisons plus essentielles. On qualifie de responsables la paternité et la maternité qui correspondent à la dignité personnelle des conjoints, comme parents, à la vérité de leur personne et de l'acte conjugal, d'où découle l'étroite et stricte relation qui rattache cette dimension à toute la spiritualité conjugale.
Dans Humanae Vitae, le pape Paul VI a exprimé ce qu'avaient déjà, par ailleurs, exprimé de nombreux moralistes et savants, même non catholiques (Cf. les déclarations de "Bund für evangelische-Katolisch Wierdervereinigung" (O.R. 19.9.68, p.3) du Dr F. King, anglican (O.R. 5.10.68 , p.3) et également du musulman Mohammed Chérif ZEGHOUDU (même numéro). Est particulièrement significative la lettre que K. BARTH a adressée le 28 novembre 1968 au cardinal CICOGNANI, lettre où il fait l'éloge du grand courage de Paul VI.), c'est-à-dire que précisément dans ce domaine, si profondément et essentiellement humain et personnel, il faut avant tout se référer à l'homme comme personne, au sujet qui décide de lui- même et non aux moyens qui en font un objet (de manipulation) et le dépersonnalisent. Il s'agit donc ici d'une authentique signification "humaniste" du développement et du progrès de la civilisation humaine.

3. Cet effort est-il possible? l'ensemble des problèmes considérés par l'encyclique Humanae Vitae ne se réduit pas simplement à la dimension biologique de la fertilité humaine (à la question des rythmes naturels de fertilité) mais remonte à la subjectivité même de l'être humain , à cet "ego" personnel qui fait qu'il est homme ou qu'il est femme.
Déjà durant la discussion du Concile Vatican II au sujet du chapitre de Gaudium et Spes concernant la "Dignité du sacrement et de la famille et sa mise en valeur", on parlait de la nécessité d'une valeur approfondie des réactions (et aussi des émotions) en relation avec l'influence de la masculinité et de la féminité sur le sujet humain (Cf. Interventions du cardinal Léon SUENENS à la Congrégation générale 138 du 29.9.1965: Acta Synodalia S. Concilii Oecumenici Vaticani II, vol. 4, pars. 3, p.30) Ce problème n'appartient pas tant à la biologie qu'à la psychologie. De la biologie et de la psychologie il passe ensuite au cadre de la spiritualité conjugale et familiale. Ici, en effet, ce problème est en rapport étroit avec la manière d'entendre la vertu de continence, c'est-à-dire la maîtrise de soi et en particulier la continence périodique.

4. Une analyse attentive de la psychologie humaine (qui est en même temps une auto-analyse subjective et devient par la suite analyse d'un "objet" accessible à la science humaine) permet d'aboutir à quelques affirmations essentielles. En effet, dans les relations entre personnes où s'exprime l'influence réciproque de la masculinité et féminité se libère dans le sujet psycho-émotif humain, dans l'"ego" humain, à côté d'une réaction que l'on peut qualifier d'"excitation", une autre réaction que l'on peut appeler "émotion". Bien que ces deux réactions se révèlent en même temps, il est possible de les distinguer par expérience et de les "différencier" quant à leur contenu ou leur objet (A cet égard, on pourrait rappeler ce qu'a dit saint Thomas dans une fine analyse de l'amour humain en relation avec le "concupiscibile" et avec la volonté I-II 26,2.
La différence objective entre l'un et l'autre genre de réactions positives consiste dans le fait que l'excitation est avant tout "corporelle" et, en ce sens, "sexuelle"; l'émotion, en revanche - bien que suscitée par la réaction réciproque de la masculinité et de la féminité - se réfère surtout à l'autre personne comprise dans son "intégralité". On peut dire qu'il s'agit d'une émotion causée par la personne, en relation avec sa masculinité ou féminité.

5. Ce que nous affirmons ici relativement à la psychologie des réactions réciproques de la masculinité et féminité aide à comprendre la fonction de la vertu de continence dont nous avons parlé précédemment. Celle-ci n'est pas seulement - ni même principalement - la capacité de s'abstenir - c'est-à- dire la maîtrise des multiples réactions qui s'entrelacent dans l'influence réciproque de la masculinité et féminité; une telle fonction pourrait se définir comme "négative". Il existe aussi une autre fonction (que nous pouvons appeler "positive") de la maîtrise de soi: c'est la capacité de guider les réactions respectives tant en ce qui concerne leur contenu qu'en ce qui concerne leur caractère.
Il a été dit que, dans le domaine des réactions réciproques de la masculinité et de la féminité, l'excitation et l'émotion n'apparaissent pas seulement comme expériences distinctes et différentes de l'"ego" humain; très souvent, elles apparaissent aussi conjointement dans le cadre de l'expérience même en tant que deux éléments différents de celle-ci. C'est de diverses circonstances, de nature intérieure et extérieure, que dépend la proportion réciproque selon laquelle ces deux éléments se révèlent dans une expérience déterminée. Parfois, c'est l'un des éléments qui prévaut nettement; d'autres fois, il y a plutôt un équilibre entre eux.

6. La continence comme capacité de diriger l'excitation et l'émotion dans la sphère de l'influence réciproque de la masculinité et de la féminité a pour tâche essentielle de maintenir l'équilibre entre la communion où les époux ne désirent exprimer réciproquement que leur union intime, d'une part, et celle où (au moins implicitement) ils accueillent la paternité responsable, d'autre part. De fait, l'excitation et l'émotion peuvent porter préjudice par le sujet, à l'orientation et au caractère du réciproque langage du corps.
L'excitation cherche avant tout à s'exprimer sous forme de plaisir sensuel et corporel, c'est-à-dire qu'elle tend à l'acte conjugal qui (dépendant des rythmes naturels de fécondité) comporte la possibilité de création. Par contre, l'émotion provoquée par un autre être humain comme personne, même si son contenu émotif est influencé par la féminité ou masculinité de l'"autre", ne tend pas d'elle-même à l'acte conjugal, mais se limite à d'autres manifestations d'affection dans lesquelles s'affirme la signification nuptiale du corps et qui, toutefois, ne comprennent pas sa signification (potentiellement ) procréatrice.
Il est facile de comprendre quelles conséquences découlent de cela, relativement au problème de la paternité et maternité responsables. Ces conséquences sont de nature morale. L'excitation cherche surtout à s'exprimer sur la plan physique et elle comporte évidemment une possibilité de procréation. Par contre, l'émotion peut se manifester sans aboutir à l'acte conjugal et ses conséquences possibles. Cette distinction permet vraiment de mieux comprendre que le problème de la paternité-maternité responsable est d'ordre moral. Je supplie Dieu de faire accéder les chrétiens et tous les gens de bonne volonté à ce niveau de vérité libératrice et humanisante.

- 31 octobre 1984

 
 

 

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