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Humanae Vitae et sa réception

Humanae Vitae et sa réception

Publié par Incarnare le samedi 22/08/2009 - 00:21

Nécessité d'une vision globale de l'homme :

La principale difficulté de réception de l'encyclique de Paul, Humanae Vitae, en 1968, tient au lien que l'Église reconnaît entre la sexualité et la procréation. On a pu le voir avant, deux anthropologies s'affrontent ici.

Le rationalisme moderne ne voit dans le corps qu'une donnée biologique : si la personne n'est pas un corps, mais qu'elle possède un corps (comme on possèderait une maison), alors il est moralement neutre de manipuler et dominer le corps comme l'homme domine le reste de la création. Finalement, dans ce mode de pensée, on peut altérer sa fertilité comme altère sa couleur de cheveux.
L'Église insiste sur le fait que nous sommes des corps et qu'une telle manipulation a des répercussions sur la personne toute entière.

Le rationalisme présente des bouts de vérités séparées les unes des autres ; dans Humanae Vitae, Paul VI identifie le besoin d'une vision globale de l'homme1. L'ennui c'est qu'il ne propose pas cette vision, se bornant à identifier ses conséquences morales. Jean-Paul II répare cet oubli : sa Théologie du Corps est précisément la fondation de la doctrine rappelée par Paul VI.

Loin de s'opposer à l'encyclique, Jean-Paul II précise, dans la dernière catéchèse de la Théologie du Corps, que cette série constitue un long commentaire de celle-ci. Il mentionne également qu'il a appelé les théologiens dans l'exhortation Familiaris Consortio à venir compléter l'édifice qu'il a commencé à bâtir en s'appuyant sur ses deux piliers : l'Écriture Sainte et le Personnalisme. Ecoutons-le2 : (gras et italique ajouté)

C'est pourquoi, avec les Pères du Synode, je me sens le devoir d'adresser aux théologiens un appèl pressant afin qu'unissant leurs forces pour collaborer avec le Magistère hiérarchique, ils fassent leur possible pour mettre toujours mieux en lumière les fondements bibliques, les motivations éthiques et les raisons personnalistes qui sous-tendent cette doctrine. Il sera ainsi possible, dans le cadre d'un exposé ordonné, de rendre la doctrine de l'Eglise concernant cet important chapitre vraiment accessible à tous les hommes de bonne volonté, et d'en favoriser la compréhension de façon toujours plus claire et plus approfondie: de cette manière le dessein de Dieu pourra être réalisé toujours plus pleinement pour le salut de l'homme et la gloire du Créateur.

A cet égard, l'effort coordonné des théologiens, inspiré par une adhésion convaincue au Magistère qui est l'unique guide authentique du peuple de Dieu, présente une urgence particulière qui vient aussi du lien profond existant entre la doctrine catholique sur ce point et la vision de l'homme proposée par l'Eglise: des doutes ou des erreurs dans le domaine conjugal ou familial entraînent un grave obscurcissement de la vérité intégrale sur l'homme, qui se trouve déjà dans une situation culturelle si souvent confuse et contradictoire. L'éclairage et l'approfondissement que les théologiens sont appelés à apporter en accomplissement de leur tâche spécifique sont d'une valeur incomparable et constituent un service singulier, et combien méritoire, rendu à la famille et à l'humanité.

 

Le besoin "pressant" d'une éthique personnaliste

A cause de trop nombreuses formulations légalistes de la théologie morale dans l'Église et un dédain pour les questions liées à la sexualité dans les églises, beaucoup récusent à Rome sa légitimitédans ce domaine.

Il est évident, si l'on a lu les pages précédentes, que si la sexualité est liée à notre identité profonde en tant que créatures désirées par Dieu tels que nous sommes, alors la théologiea son mot à dire sur la sexualité.

Toutefois, ne nions pas une responsabiltié qui est nôtre : le légalisme en matière de sexualité est précisément l'une des raisons pour lesquelles l'unique question qui agite beaucoup de nos contemporains, lorsqu'il s'agit de sexualité, est "jusqu'où puis-je aller avant d'enfreindre la loi ?" alors que d'autres questions beaucoup plus essentielles - "Qu'est qu'être humain ? Qu'est ce qu'une personne ? Que signifie aimer ? Pourquoi Dieu nous a t-il fait homme et femme ? Pourquoi nous a t-il fait sexués, d'ailleurs ? Comment puis-je aimer l'autre en respectant le mystère que Dieu a mis en elle/lui ?"

Que les anciens se rassurent : l'enseignement de l'Église sur la sexualité n'a pas changé... mais une prise de conscience a eu lieu : les questions liées à la morale sexuelle sont liées au contenu et à la qualité de l'expérience subjective3 de la personne, de comment elle vit sa corporéité et la relation à l'autre. L'enseignement traditionnel n'est ainsi pas aboli, mais accompli, ou plus exactement, incarné

La norme personnaliste :

Le Pape, une fois encore, a une foi profonde dans le fait que l'expérience individuelle de ce qui donne le bonheur rejoint le bien objectif. Il ne veut pas forcer quiconque à écouter, ce qui serait nier la liberté de la personne, mais il a confiance que la Vérité résonne dans les coeurs.

Cette confiance dans l'expérience intérieure comme source de l'éthique suppose que la personne soit la norme : tout d'abord, une personne ne peut être utilisée comme un moyen, quelle que soit la fin ; ensuite, l'unique réponse adéquate face à une personne est l'amour.

Dans cette optique, l'opposé de l'amour n'est pas la haine, mais l'utilisation de la personne comme un objet. Une telle utilisation de la personne se cache souvent sous des apparences d'amour. La soi-disant "libération sexuelle" qui prône l'utilitarisme a déjà fait des ravages... mais alors que toujours plus de gens font l'expérience quotidienne des blessures que provoque cette parodie de libération sexuelle, leur coeur ressent toujours plus le besoin de trouver le vrai Amour.

Les fondements d'une nouvelle révolution sexuelle sont jetés... elle commence comme celle qui a abouti à la chute de l'URSS : discrètement, dans les coeurs, la parole de vérité proclamée par ce Pape polonais est accueillie et germe !

 

 
 

 

A la une

Car tous ont péché...

La presse se fait l'écho d'un livre du journaliste Ekke Overbeek indiquant que Karol Wojtyła, futur Pape Jean-Paul II (et aujourd'hui Saint Jean-Paul II) aurait avant son élection pontificale, en tant qu'archevêque de Cracovie, eu connaissance de témoignages de faits de pédo-criminalité (la presse ne relaie ni le nombre ni la nature des faits) et n'aurait pas apporté la réponse appropriée (à savoir le signalement des faits aux autorités civiles et le déclenchement d'une enquête canonique aboutissant au renvoi à l'état laïc des malfaiteurs).