Oser planter un arbre
En classe de CE2, j'ai planté un arbre. Tout jeune enfant, je n'avais pas mesuré alors la portée de ce geste, qui faisait advenir un être qui me survivrait.
Ceux qui ont des enfants se souviennent sans doute du vertige qui saisit tout futur parent : « qui sommes-nous pour prendre cette responsabilité d'amener un enfant au monde ? Serons-nous capables de cette tâche ? ».
Planter un arbre, un arbre généalogique, est un acte qui nous dépasse. C'est le propre de l'homme que de poser de tels actes, qui engagent toute sa vie : s'engager par le mariage dans une union indissoluble, choisir de consacrer sa vie.. Seuls ces choix définitifs enracinent.
Cela peut effrayer certains, notamment ceux qui ont vu les "pluies acides" (la fatigue, la critique entre conjoints) détruire l'arbre généalogique de proches. D'autres refusent aujourd'hui de planter leur abre, considérant le mariage comme un acte bourgeois. Avec raison, parfois : ils ont vu certains se glorifier dans leur arbre, pourtant déjà sec.
Il est aisé de se croire propriétaire de son arbre, alors que notre rôle est celui du jardinier : s'il arrose l'arbre, s'il est appelé à en prendre soin, à soigner ses blessures (et ce sont ces soins qui font la perfection du jardinier), ce n'est pas lui qui fait sa croissance et les fruits ne lui appartiennent pas.
L'arbre généalogique, en effet, ne trouve sa vraie croissance que lorsqu'il est attaché, comme à un tuteur, à un autre arbre : l'arbre de la Croix. Il y trouve bien plus que de simples racines (ou "valeurs") : uni à l'arbre de la Croix, il trouve un horizon de croissance différent.
Osez ! osez planter votre arbre ! Et arrimez-le solidement à l'arbre de la Croix. Rien ne pourra alors le déraciner...