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La "méthode Wojtyla"

La "méthode Wojtyla"

Publié par Incarnare le vendredi 21/08/2009 - 10:43

Le développement du subjectivisme

Le monde actuel semble refuser d'instinct le message de l'Église : en effet, la modernité n'a pas fait que révolutionner les sciences, les technologies, l'économie et la politique ; elle a réellement changé les modes de pensée avec le rationalisme, qui ne laisse aucune place pour le "grand Mystère" du Christ et de l'Église. Jean-Paul II explique1:

 Le rationalisme moderne ne supporte pas le mystère. Il n'accepte pas le mystère de l'homme, homme et femme, ni ne veut reconnaître que la pleine vérité sur l'homme a été révélée en Jésus-Christ. En particulier, il ne tolère pas le « grand mystère » annoncé dans la Lettre aux Ephésiens, et il le combat de manière radicale. S'il reconnaît, dans un contexte de vague déisme, la possibilité et même le besoin d'un Etre suprême ou divin, il récuse fermement la notion d'un Dieu qui se fait homme pour sauver l'homme. Pour le rationalisme, il est impensable que Dieu soit le Rédempteur, encore moins qu'il soit « l'Epoux », la source originelle et unique de l'amour sponsal humain. Il interprète la création et le sens de l'existence humaine de manière radicalement différente.

Le slogan du rationalisme a été forgé par Descartes : "je pense donc je suis". Alors que pour St Thomas, l'existence était la condition de la pensée, chez Descartes c'est la pensée qui détermine l'existence : le monde commence en quelque sorte avec moi et je suis son centre...

Une philophie de l'être accepte qu'il existe une réalité qui était là avant moi et me dépasse, un Être incréé qui m'a créé comme je suis (pour penser). Mes pensées subjectives doivent donc se confronter à cette réalité objective. Si je réduis le monde a ce que je peux en penser alors l'homme est (ou plutôt je suis) la mesure de toute chose et non pas Dieu. Ainsi, le développement du sujet en philosophie a rapidement viré au subjectivisme et par conséquence au relativisme moral.

Il n'y a pas de vérité, affirment-ils2 Pourquoi ce refus ? Parce que la valeur suprême de l'homme moderne est la liberté. Pour lui, l'existence d'une vérité objective est perçue comme une menace à sa liberté. Jean-Paul II l'affirme3 : "Vérité et liberté, en effet, vont de pair ou bien elles périssent misérablement ensemble".

La vérité sans liberté mène à la tyrannie, à la conversion par l'épée et à une religion guerrière. C'est manifeste aujourd'hui. Mais la liberté sans la vérité est également tyrannique. Sans Vérité, sans norme objective du bien, tout ce qui existe est une lutte de pouvoir entre opinions : ceux qui ont le plus de pouvoir, d'influence, de force militaire imposent une vision du monde à leur service. "Ainsi la démocratie, en dépit de ses principes, s'achemine vers un totalitarisme caractérisé"4.

Reconnaissons que les formulations traditionnelles de la foi catholique font la part belle au fait objectif, négligeant l'expérience individuelle de chacun, amenant certains à séparer la vérité de la liberté. La clé de la pensée de Jean-Paul II est la confiance que l'expérience subjective, bien discernée, mène à la vérité objective. Le respect de la liberté individuelle est donc un point de foi.

 

Un personnalisme thomiste

Jean-Paul II a été formé dans la pensée de Saint Thomas d'Aquin, qui privilégie une compréhension objeciviste de l'homme. En effet, s'il était familier avec les idées de personne et de sujet, Saint Thomas ne disposait pas d'un certain nombre d'outils - comme la psychologie, etc. - pour penser l'expérience propre à chaque individu.

Karol Wojtyla a écrit sa thèse d'habilitation sur la pensée du philosophe Max Scheler5. Celui-ci, s'opposant à la morale strictement objective de Kant, essaie de recréer la morale chrétienne, depuis ses bases, en partant de l'expérience individuelle, en s'appuyant sur une méthode appelée phénoménologie.

La phénoménologie cherche à analyser l'expérience individuelle, en fait en la laissant parler sans imposer d'emblée un système de valeurs. La force de Jean-Paul II est d'avoir compris que cette méthode était également une porte d'accès à la Vérité, objective : L’Église sait " que son message est en accord avec le fond secret du cœur humain "6 affirme le Catéchisme.

Comme il est fréquent que la doctrine de l'Eglise soit rejetée parce que sa formulation laisse penser qu'elle complètement déconnectée du concret de la vie quotidienne ! Comme il est fréquent que les enfants, une fois adultes, rejettent la foi parce que leurs éducateurs - parents, prêtres, catéchistes - leur ont imposé la religion sans respecter -  ni les éduquer dans - leur liberté humaine authentique ? 

Il ne s'agit pas de simplement connaître la vérité, mais de l'intérioriser, de la vivre comme un bien libérateur. Toutefois, on ne peut aimer sans réserve la vérité sans crainte pour notre liberté que si cette vérité est elle-même l'Amour parfait. Devinez ? C'est le cas ! La Vérité est Amour, c'est le Christ !!7

 

 
 

 

A la une

Car tous ont péché...

La presse se fait l'écho d'un livre du journaliste Ekke Overbeek indiquant que Karol Wojtyła, futur Pape Jean-Paul II (et aujourd'hui Saint Jean-Paul II) aurait avant son élection pontificale, en tant qu'archevêque de Cracovie, eu connaissance de témoignages de faits de pédo-criminalité (la presse ne relaie ni le nombre ni la nature des faits) et n'aurait pas apporté la réponse appropriée (à savoir le signalement des faits aux autorités civiles et le déclenchement d'une enquête canonique aboutissant au renvoi à l'état laïc des malfaiteurs).